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3 novembre 2008 1 03 /11 /novembre /2008 13:30

Les quotidiens régionaux « gâtent » leurs fidèles lecteurs en ajoutant un programme de télévision à leur édition du dimanche, ainsi qu’une revue appelée « version Femina ». Dans une  édition récente, on donnait quelques recettes dites de « grand-mère » pour combattre les rhumatismes.
Il paraît que se promener avec des marrons dans les poches est extrêmement efficace… Mai saussi, les feuilles de chou vert écrasées avec un rouleau à pâtisserie à poser à même la peau.
Et voilà que ressurgit un souvenir de mon tout premier poste et un des tous premiers cas que j’ai eu à négocier dans mes fonctions syndicales.
Les proviseurs, leurs adjoints et mon collègue étaient des hommes : je dois être honnête, celui du lycée général avait quelques manies amusantes, mais il n’a jamais participé à la curée contre miss C., la secrétaire du proviseur du lycée professionnel, qui, lorsque j’ai pris mon poste, était en congé de maladie.
« Nous en sommes très contents, car elle pue », m’avaient affirmé ces messieurs.
Les responsables syndicaux, à Nantes, étaient fort ennuyés. Elle aurait voulu reprendre son travail, mais le proviseur inondait le rectorat de courrier pour se plaindre de la gêne que lui occasionnait le fait d’avoir une secrétaire qui puait, dans un bureau voisin du sien !
La remplaçante de miss C., une ancienne élève qui avait alors 19 ans, me l’avait un jour présentée puisqu’elle habitait une maison qui se trouvait sur le chemin que je prenais pour rentrer chez moi. Miss C. était toute menue, avait les cheveux gris et un côté très vieille France. Fille d’un officier supérieur, elle avait commencé à travailler tardivement, après la mort de son père.
Mais, à l'évidence, le proviseur préférait que son secrétariat soit tenue par une accorte jeune fille de 19 ans, qu'il s'amusait à faire rougir avec des phrases à double sens.
Miss C. ne devait pas apprécier ce genre de gauloiseries. Elle a fini par reprendre son travail : au printemps !
Passe l’été, passe l’automne. Arrive l’hiver : par moment, en effet, miss C. dégageait des effluves étonnants.
Ça sentait un peu l’ensilage ! Et ça dénotait somme toute assez peu au milieu de ce pays de culture de betteraves ! Anita ma jeune collègue qui l'avait remplacée et la connaissais bien, m’avait expliqué que miss C. soignait ses rhumatismes avec des feuilles de choux. 

Faute de volontaires, et après la démission du secrétaire départemental de mon syndicat, je me suis retrouvée prendre ces fonctions. Et aussi, dans une situation embarrassante : je ne pouvais effectivement pas nier que miss C. ne sentait pas la rose, et laissait dans son sillage un parfum, qui, quoi que naturel, n’était pas très agréable. La guerre du chou fermenté entre le proviseur et sa secrétaire durait depuis trop longtemps pour être réglée à l’amiable. Le proviseur avait pris le problème de haut et miss C. s’était braquée. J'ai tenté de proposer des compromis : une bonne aération des bureaux (Miss C. ne supportait pas les courants d'air et apportait un radiateur électrique ce qui faisait fermenter un peu plus le chou tout au long de la journée !), un changement de bureau : mais là, tollé de la part de ses futurs voisins !
Elle s’est remise en congé. Son chef a obtenu une promotion. Et moi, j’ai réussi un concours. Qui m'a valu d'avoir à gérer des problèmes de PQ dans les W.C des profs, assez surréalistes... mais j'y reviendrai ultérieurement...

Quand je suis retournée voir mes collègues quelques années plus tard, miss C. avait pris sa retraite et le nouveau proviseur était préoccupé par un autre problème : il flippait, persuadé qu’on l’espionnait. Il devait avoir des secrets d'importance !  Comme il m’a reçue bien civilement, en prenant le café, je l’ai informé que de l’entrée, dans laquelle était installée la ronéo, par un curieux phénomène, on entendait tout ce qui se disait dans son bureau ! Pendant 3 ans, j’avais été préposée à tirer les stencils … mais je ne pense pas avoir été la seule à avoir remarqué quelle belle acoustique régnait dans l’entrée. Et je parierais assez que son collègue avait dû aussi s’en rendre compte !

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commentaires

L
Le chou, c'est pas terrible si on part travailler!
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K
hé bien, quelle histoire passionnante que celle de miss C. Si je deviens rhumatisante ( ce qui risque fort de m'arriver ) j'éviterais les feuilles de choux surtout quand elles fermentent avec la chaleur lol<br /> quant au nouveau proviseur tu as dû lui être d'un grand secours en lui évitant qu'il développe une paranoia ;))<br /> beau talent Dominque pour nous raconter cette histoire
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D
<br /> Quand j'y repense à cette histioire, je suis très en colère. Je vais remanier la fin de mon texte : l'histoire du pro qui flippe parce qu'il est espionné est à mettre avec quelques portraits de<br /> chefs. Un psychologue, universitaire, retiré dans un village de l'Allier a écrit un ouvrage intitulé "ces malades qui nos gouvernent"... il rappelle quelques cas d'adolescents "pas bien finis"<br /> comme disait la gestionnaire d'un des établissements que je supervisais, qui sont arrivés au sommet de la pyramide. Je pense d'ailleurs, que pour arriver au sommet de la pyramide, c'est une qualité<br /> que de rester immature affectivement : quelqu'un de "bien construit" n'éprouve pas le besoin de se valoriser par la domination des autres.<br /> <br /> <br />