A première vue, on ne voit pas bien ce qui peut justifier la diminution de 5 € par mois l'APL : les étudiants font remarquer que cela équivaut à 1 mois de repas au restaurant universitaire. La Cour des Comptes dans un rapport qui date de je ne sais quand, que toute augmentation de 1 € de ce type d'allocation équivalait à rémunérer le propriétaire de 0 € 78, ce qui laisse 22 centimes à l'allocataire.
Mais généralement, on considère que seules les augmentations de salaires, ou d'allocations, améliorent le pouvoir d'achat.
En 1968, un slogan écrit sur les murs devant lesquels je passais pour aller à l'école exigeait le SMIG à 800 francs. La revendication a été satisfaite. Et d'ailleurs le niveau de vie des ouvriers et de la classe moyenne inférieure a été considérablement amélioré : jusqu'au choc pétrolier, au moins.
La France Insoumise et Lutte Ouvrière proposent dans cette logique, de porter le SMIC net à 1500 € pour l'un, à 1800 € pour l'autre. Moi qui n'ai été smicarde que peu de temps, je me vois donc m'en rapprocher à nouveau de plus en plus. Car imagine t'on que la mesure serait efficace, si dans le même temps, on augmentait dans les mêmes proportions les salaires égaux à 1 fois et demie le SMIC ? L'ancienne élève de l'Ecole Primaire de NOYANT que je suis, qui n'a pas fait une haute école quelconque (je suis titulaire d'un doctorat de l'Université de SAINT-ETIENNE, ce qui faisait bien rire un de mes anciens chefs d'établissement), petite fille de "bounhoumme" se rend bien compte que cela serait inflationniste et préjudiciable à la partie de la population qui se situe autour de la médiane des salaires. Et déplacerait d'ailleurs la médiane.
On sait aussi que l'un des effets pervers des diminutions de charges patronales sur les bas salaires a pour effet d'inciter les patrons à recruter du personnel non qualifié... pour être exonéré de charges. (Incidemment : "Non qualifié" veut dire "non diplômé" : or quiconque a encadré des personnels non qualifiés sait que certains ont un très fort potentiel. Qu'à mon avis, il vaudrait mieux rémunérer quand il s'est exprimé (mais ce n'est que mon avis)).
Pour aller dans le sens d'une inflation découlant d'un accroissement des transferts sociaux, une anecdote. Ayant le dos fragile, j'ai longtemps fait confiance aux seuls kinés pour résoudre mon problème. Professionnels de santé qui me sont remboursés à 100 %. Un jour, l'un d'eux m'a débloqué le dos par quelques manipulations d'"ostéopathie" : rebouteux des temps modernes. Il y a 20 ans, je ne pouvais plus monter et descendre les escaliers car mes genoux se coinçaient : je suis allée voir un ostéopathe à MOULINS. Je conserve bien précieusement le nom de celui qui est intervenu en urgence jour-là : il m'a appuyé 2 fois derrière l'oreille. Cela m'a fait très mal, mais je n'ai plus de problèmes de genoux. Pour en venir à mon propos primitif : les ostéopathes étaient considérés comme des charlatans par les médecins et leur rémunération n'était pas remboursée. Il m'en coûtait alors une trentaine d'euros. Un jour, les mutuelles se sont avisées de l'intérêt de l'ostéopathie et certaines ont accepté de prendre en charge une partie des frais. Puis cela s'est généralisé et m'a mutuelle a remboursé 20 € dans une limite de 2 séances annuelles. Que croyez-vous qu'il arriva ? Le tarif a grimpé brusquement à 56 € !!!! Ce qui fait que cela n'a rien changé pour ma bourse et que la mutuelle ayant lors d'une assemblée générale ultérieure augmenté ses tarifs, si la rémunération des ostéopathes s'est bien améliorée, cela coût eplus cher au patient !
Ces quelques éléments m'incitent à croire que l'amélioration du niveau de vie ne dépend pas mécaniquement d'une augmentation des revenus, et pas non plus d'une diminution des charges. Les choses sont fort complexes et, plutôt de fonctionner par dogmes, il serait intéressant d'évaluer les résultats des principales mesures sociales.
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