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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 12:08

Je suis née dans une école : je nourris l'espoir qu'un jour le maire aura le bon goût d'apposer une plaque sur le mur pour commémorer cet événement.

Mes grands-mères, l'une surtout, n'auraient jamais accepté que je ne sois pas baptisée. Le curé de mon village était toutefois fort marri de ne pas me voir quelquefois à sa messe. Comme l'église était sur la place en face de l'école et qu'il avait des moutons qui paissaient dans un pré au bout de la rue, je le voyais souvent en fin d'après-midi. Il se plantait devant l'entrée de la cour où je jouais et me disait d'un air désolé : " tu sais, Dominique, c'est moi qui t'ai baptisée !". Sa soutane me terrorisait ! Je suis ainsi bien placée pour témoigner qu'un costume peut faire peur à des enfants. Il fut particulièrement heureux le jour où, en compagnie de ma tante, nous sommes allées à la cure pour qu'il m'établisse un certificat de baptême, indispensable pour que je puisse faire ma communion.

Car, tant qu'à faire, mes parents avaient décidé, quand j'eus 8 ans, de m'envoyer suivre des cours de catéchisme. Tout comme au lycée, ils m'avaient fait suivre des cours de latin alors qu'ils considéraient que les langues vivantes étaient plus utiles. Les soeurs me battaient froid et n'hésitaient pas à affirmer que j'étais élevée dans un "mauvais milieu". N. Sarkozy l'a rappelé : un instituteur n'a pas autant de compétence pour enseigner la morale qu'un homme (ou une femme) de Dieu !

Mon père avait un ami, dont le père avait été instituteur dans un village de Normandie : ces gens étaient des catholiques très convaincus, mais M. Duguet, qui aimait son métier et avait une haute idée de sa mission d'éducateur, n'a plus jamais mis les pieds à la messe après avoir entendu le curé de son village fustiger en chaire l'"école du Diable".

L'intolérance, comme la connerie, n'est ni de droite ni de gauche, ni croyante, ni athée. Ni jeune, ni vieille.

Quand nous partions en vacances, en camping, je jouais avec les enfants de mon âge : j'avais sympathisé avec un garçon et une fille dont les parents étaient instituteurs. Un jour, nous étions en train de discuter de notre vie et j'ai raconté que j'allais au catéchisme : je revois le regard méprisant de cette gamine de mon âge qui m'a pris de haut et m'a demandé : "Ta mère est institutrice ? C'est quoi comme institutrice ?". Je crois que c'est le "C'est quoi" qui m'a le plus humiliée. Et ils ne m'ont plus adressé la parole de toutes les vacances.

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