Anne GUILLAUMIN, née LAURENT, mon arrière grand-mère, étant née en 1862, n’avait pas bénéficié des lois FERRY sur l’école obligatoire.
Elle savait signer son nom, mais ni lire ni écrire. Si j’en crois ce que disait ma grand-mère, elle était fort douée pour le calcul. Et avait suffisamment acquis de compétences pour donner son
avis sur la gestion du domaine.
J’étais très jeune quand on m’a raconté l’anecdote suivante :
Un jour, à BOUCOMONT, le domaine que mes grands oncles et mon grand-père exploitaient en métayage, un jeune étudiant parisien an vacances, était venu. Il donnait son avis autorisé sur tout. Il a
fini par agacer mon arrière-grand-mère, qui a lâché : « Moi, je ne sais ni lire, ni écrire. Mais je n’ai pas payé pour être bête ! ».
Par fidélité envers ma mamie, moi qui n’ai pas étudié l’économie, je m’obstine à cultiver un héritage qui a échappé à tous les
droits de succession : le bon sens paysan.
Ainsi, il y a longtemps que l’avis des journalistes de « Capital » ne m’intéresse plus. J’ai constaté qu’ils établissaient
des pronostics à pile ou face. Quand on confronte, 1 ou 2 ans plus tard, ce qu’ils ont écrit avec la réalité des faits, leur taux de réussite s’apparente à celui des astrologues appelées à
s’exprimer chaque début d’année. Alors pourquoi « Capital » se vend-il encore ?
Régulièrement, à la télévision, un homme charmant, expert financier chez NATIXIS est sollicité pour son expertise. Il se trouve que je suis cliente à la Caisse d’Epargne (là où est
l’écureuil) et aussi à la Banque Populaire (banque sur laquelle s’appuie la CASDEN). Par l’une comme par l’autre, j’ai été harcelée téléphoniquement pour prendre des actions
NATIXIS (mes "conseillers financiers" locaux, connaissant d'avance ma réponse, ne m'ont eux, jamais contactée) ! NATIXIS est cet organisme, qui a le plus perdu dans les
« subprimes » et dans les produits diffusés par Bernard MADOFF. Alors, pourquoi cet expert financier est-il encore convié à s’exprimer ?
Tous ces gens bénéficient en réalité d'un réseau d’"amis" qui affirment qu’ils sont très compétents. Plus ils passent à la télé, plus ils sont validés comme tels. C'est la téléréalité appliquée à
l'économie...
Pour finir avec la rubrique : "quand auront-ils fini de nous prendre pour des débiles mentaux ?".... Fin 2008, le gérant du
groupe HERMES s’est vanté au MONDE de sa bonne santé financière : « Depuis l’entrée en bourse (du groupe) la valeur de l’action a été multipliée par 20, le bénéfice net par 10 et le
chiffre d’affaire par 4 ». Anne GUILLAUMIN, qui savait compter n’aurait pas manqué de l’interroger sur le miracle qui a permis au chiffre d’affaire d’être multiplié par 4 et dans le même
temps le bénéfice d’être multiplié par 10. Efficacité dans la gestion, peut-être… mais au prix du sacrifice de qui ?
Et qu’arrivera-t’il quand ne serait-ce qu’une moitié des actionnaires voudra « prendre ses bénéfices » comme l’on dit ?
Je ne m'intéressais pas à HERMES (je n'aime pas les motifs de leurs foulards), mais je vais suivre avec intérêt la suite de leurs
aventures. Et à la suite de la carrière de M. Patrick THOMAS, son gérant : il a tout à fait un profil à être promu dans un conseil économique et social...
Pour Noël, M. MADOFF et Madame ont offert à leurs amis quelques œuvres d’art et à leurs dames, des colliers en diamant (La Montagne du 8 janvier 2009).