Le marché du "hallal" est très porteur : avant Quick, Carrefour l'avait compris et un certains nombres d'industriels de l'alimentation. Lorsque j'avais été sensibilisée au sujet, le public ciblé était surtout une clientèle aisée des émirats du Golfe persique. Les producteurs de "poulets bourbonnais" survivent grâce à l'intérêt des rabbins pour leur production (je tiens d'un agriculteur de cette filière que 70 % des poulets bourbonnais sont diffusés dans des boucheries kasher).
Personnellement, manger "hallal" ou "kasher" ne me met pas des boutons. Sans le savoir, j'ai dû manger "hallal" dans les petits restaurants du Maroc ou de Tunisie : j'aime toute les cusines de la Méditerranée. La nourriture kasher, je l'ai testée à Berlin, dans le quartier autour d'Orianenburgstrasse et de la neue Synagogue : on y sert une cuisine inspirée de l'Europe centrale, à la fois traditionnelle et inventive.
Dans l'affaire des restaurants Quick dédiés uniquement à l'hallal je me pose toutefois deux questions :
- Pourquoi les familles musulmanes peu argentées de ces quartiers veulent-elles dépenser 7 € pour ingurgiter un peu de viande hâchée, noyée dans la graisse et inserrée entre deux tranches de pain qui a la consistance d'une éponge et arrosée une sauce à base de tomates très sucrée ? Alors que pour un coût indentique elles peuvent consommer un kebab plus goûteux chez un petit auto-entrepreneur de leur entourage ?
- Si le goût de la viande hallal est le même que le goût de la viande qui ne l'est pas, argument mis en avant pour convaincre que les non musulmans sont les bienvenus, pourquoi, à l'inverse, vouloir manger hallal puisque l'argument se retourne tout aussi bien ?