De l'exposition Cranach (Lucas l'ancien, Lucas le jeune et son frère Hans) que j'avais vue il y a déjà une trentaine d'années à Wuppertal, je gardais un sentiment de malaise.
Je crois qu'au delà des sujets religieux, c'est la mysoginie qui m'avait frappée.
Comme cette femme de la cour de Saxe, figurée en Judith, a laquelle l'artiste a fait un petit minois que je trouve inquiétant, avec ses yeux en amande.
Ou la troisième Grâce de ce petit tableau qu'on imagine bien avec des oreilles pointues.
Les Cranach peignent merveilleusement les vêtements, les chapeaux et les bijoux.
Ce qui me fait penser à une histoire qui l'on m'a racontée : un petit acte de résistance.
De 1940 à 1943, le département de l'Allier était coupé en deux par la "ligne de démarcation". A Moulins, le "check point" était situé sur le pont Régemortes. Un jour, une cousine d'un certain âge a été confrontée à un contrôle fait par des militaires zélés. Il faut se souvenir qu'à cette époque, il aurait été indécent pour une femme de sortir "en cheveux". Donc ma cousine, qui était une femme respectable (comme toutes les femmes de la famille !), portait un chapeau. On l'a fait passer à la fouille et on l'a fait se déshabiller. Elle était très fière de dire qu'elle avait enlevé tout ce qu'on lui avait demandé d'enlever. Mais comme on ne lui avait pas ordonné de retirer son chapeau, elle l'avait gardé !