Dans la question, revenue dans le débat politique local, du 2e pont de Moulins, j’aimerais bien qu’on réponde à deux questions : « un deuxième pont pour
aller où ? » et « pour quoi faire ?». Autrement dit, avant que l’on n’engage les fonds publics, j’aimerais que l’on présente au contribuable une vision globale du problème et
des solutions qui peuvent être retenues. Et moi, j’ai beau lire la prose de nos candidats et poser des questions quand l’occasion s’en présente, je n’ai toujours pas réussi à visualiser ce
qu’on nous promet comme avenir en matière de déplacement.
Chacun n’aura pas le pont qu’il souhaite à sa porte : le 2e pont, dans la conjoncture qui se dessine ne sera pas positionné à 500 mètres de l’actuel pont Régemortes. Si l’on veut que le
contribuable accepte de changer ses habitudes, il faut l’associer à la décision.
Churchill avait bien réussi à rassembler les Anglais derrière lui en leur disant : « je ne peux rien vous promettre sinon du sang et des larmes ». Rien n’est donc impossible :
même de convaincre les habitants de Neuvy qu’ils peuvent délaisser leur voiture à la Madeleine.
Reprenons le problème par le début :
Pour passer de la rive droite à la rive gauche de l’Allier (et réciproquement !), on a le choix, quand on est habitant la communauté d’agglomération qui
s’étend 16 kilomètres plus au sud jusqu’à Souvigny, de franchir la rivière au pont Régemortes (pont du XVIIIe s.), aller 15 km plus au nord (en direction de Nevers) pour la franchir au pont de
Villeneuve ou emprunter la RCEA route Centre Europe Atlantique et passer la rivière entre Toulon et Chemilly, à 7 km au sud.
Le pont sur lequel passe la RCEA, est situé à une distance convenable : mais cette route « Centre Europe Atlantique », concentre sur 2 voies un flot continu de camions (voire
même d’ « ensembles routiers », avec plusieurs remorques) traversant l’Europe d’est en ouest, voire même du nord au sud, puisque la Suisse surtout, soucieuse de protéger ses
infrastructures ont imposé aux poids lourds étrangers le paiement d’une taxe à l’essieu ce qui a eu pour effet de détourner vers la France une partie du flux. On comprend donc que les habitants
de la communauté d’agglo. évitent de s’y aventurer s’ils disposent d’une autre alternative.
Depuis une vingtaine d’années, on a rejeté à la périphérie les commerces de « grande surface », et les villages dans un rayon d’une vingtaine de
kilomètres, sont devenus des « villages dortoirs », où le nombre de maisons individuelles croît sans cesse, malgré une diminution sensible (très sensible) de la population du
département. En France, la distance entre domicile et lieu de travail a été doublée entre 1970 et 1990, passant de 7 km à 14 (source : Atlas de l’environnement édité par le Ministère de
l’environnement, 1995). Dans l’Allier, les temps de déplacement du lieu de résidence au lieu de travail ne se sont, en réalité, pas allongés par rapport à la période encore récente où l’on se
déplaçait en vélo pour aller travailler. Mais ces nouveaux déplacements, que l’on appelle « pendulaires », ont encouragé le recours accru aux véhicules individuels.
Corollairement, comme on a fait le choix de la voiture, en 2000, les lignes S.N.C.F. secondaires ont été fermées au trafic « voyageurs » et toutes les petites gares vendues à des
particuliers.
Se poser la question d'un nouveau franchissement de l'Allier n'est donc pas absurde. Et le Conseil général, dont s'est désormais la compétence a logiquement lancé une étude
Il a fallu attendre l’extrême fin du XXe siècle pour que la ville soit désengorgée du trafic nord-sud : avec la « trémie » d’abord, dans
les années 70, puis avec le contournement de Moulins, mis en service, enfin !, en 1996 (voir article du … février 2008 : le fantasme du 2e pont), le trafic nord-sud a été détourné. Et
les habitants de l’avenue d’Orvilliers ont enfin pu de nouveau, suspendre des lustres dans leurs salles à manger sans qu’ils s’entrechoquent.
Subsistent deux points noirs :
1°) chaque jour ouvré, entre 7 h 30 et 8 h 30 le matin et entre 17 h et 18 heures, voire même 18 h 30, il faut attendre ¼ d’heure pour aller du palais des sports au pont à la Madeleine, de
l’autre côté du pont Régemortes…
2°) une fois entré dans la ville, où garer ces 25 000 véhicules ?
Sur le premier point :
- Un rond point a remplacé les feux tricolores il y a 3 ou 4 ans et permis de fluidifier la circulation…. Mais aussi d’augmenter le nombre de voitures qui
entrent dans la vieille ville Interview de M. Perissol, maire depuis 1994 dans la Montagne du 19 février 2008 « 18 000 véhicules par jour l’empruntaient avant qu’on n’aménage le rond
point Régemortes, qui a amélioré les choses car on en est aujourd’hui à 25 000 ». Moi, la question qui me vient à l’esprit est : « Y a-t’il une utilité
particulière à faire entrer plus de 25 000 véhicules par jour dans la vieille ville de Moulins ? ». Il est vrai que le sujet de ma thèse étant Moulins, la ville, ses hommes et
leurs activités à la fin du Moyen Age, j’éprouve un attachement particulier (passéiste ???) à la conservation du patrimoine qui date de cette époque !
La réponse donnée par les commerçants depuis le début des années 1970 quand il a été question d’installer des rues piétonnes, est bien naturellement qu’il est impératif que les voitures
entrent dans Moulins, parce que sinon leur activité péricliterait. A l’époque, j’allais régulièrement en Allemagne, à Wuppertal plus précisément, et j’avais une idée bien précise de ce que
pouvaient être des rues piétonnes : la solution retenue à Moulins et toujours en usage fut celle de rues semi piétonne : ou plutôt d’une et unique demie rue semi piétonne.
Quelques photos de la seule rue semi piétonne (définition : on y circule les samedis matin et en semaine)
Et les rues commerçantes qui ne sont pas piétonnes me dira-t'on ?
Voilà :
Et je m’étonne que pendant longtemps, personne ne se soit interrogé sur un paradoxe : comment peut-on « fare la spesa », « magasiner », « faire du shopping »,
quand on ne dispose que d’un trottoir sur lequel ne peut passer qu’une seule personne, avec même pas le recours de descendre sur la chaussée, puisqu’on est empêché de le faire par le rempart de
voitures qui sont stationnées ?
Quelques photos du centre historique
dans les années 1990, on a eu l'idée de détourner la circulation du centre
ville (car il fallait bien qu'il y ait un double sens de circulation automobile dans le coeur de la ville, n'est-ce pas ? Sinon, comment les clients auraient-ils pu accéder aux magasins ?)
par cette rue, la plus ancienne de la ville, soit dit en passant : cette absurdité a duré 3 ou 4 ans quand même.
Dans les années 1970, le président Georges Pompidou affirmait qu’il fallait adapter la ville à la voiture. Vingt ans après, à Moulins, on était donc d'avis que dans le centre historique, ça
devait passer ou ça devait casser.
Ce matin toutefois (vendredi, jour de marché, et dernière ligne droite avant le second tour des municipales) j’ai quand même entendu 2 commerçants s’indigner : « La rue d’Allier
est devenue un parking… Et le maire ne dit rien ! »
Sur le deuxième point
Une fois entrés dans la ville, que peuvent faire ces 25 000 véhicules, mis à part tourner en rond (ça me rappelle un sketch de Raymond Devos !) puis
repartir ? Autrement dit : où peut-on poser sa voiture ? Où l'on peut : en double file (cf photo ci-dessus, devant l'ancienne halle aux blés) par exemple... Et ceci, bien que 2 parkings
(gratuits) aient été mis en service. A cet égard, le parking (privé) de Monoprix est très utile : la fréquentation en est gratuite 1 heure, à condition d’acheter quelque chose dans le
magasin (voir mon article du mars 2008). Moulins a acquis, à juste titre la réputation d’une « ville où l’on ne peut pas se garer » et dans son centre, il y a
d’ores et déjà plus besoin d’espaces de stationnement que de terrain libre.
(A noter que je ne désapprouve pas l’aménagement des Cours effectué par la municipalité sortante, car alors des centaines de voitures ventouses se posaient à 8 heures le matin pour
ne libérer la place qu’à 18 heures. J’avais juste formulé quelques remarques à l’occasion de l’enquête d’utilité publique : j’étais tout à fait d’accord pour que les parkings soient payants.
Je regrettais seulement que dans une ville où les risques d’inondation sont importants, on pose un « enrobé » en lieu et place de terre ou de sable… )
Le problème du 2e pont ne peut donc se poser qu'en fonction de l'aménagement du centre, et des perspectives de développement que l'on veut donner à
Moulins.
Plus le nombre de véhicules entrant dans Moulins sera important, plus, et c’est logique, il faudra trouver de place pour qu’elles se garent : ça pâsse
ou ça casse... faut-il abattre ? Il faut en effet garder présent à l'esprit qu'une voiture occupe en moyenne un espace au sol de 8 m2 , pour se déplacer ou pour son stationnement. Cette
surface doit être multipliée par « x », si « x » personnes se déplacent aux mêmes heures : on comprend mieux les problèmes de saturation de l’espace au heures d’arrivée et de
sortie du travail. Si la tendance à aller habiter dans les villages alentour s’accroît, on se heurte inévitablement à un problème d’espace. Il y a là un véritable enjeu d'aménagement du
territoire qui nécessite l'entente entre toutes les communes de la communauté d'agglo., mais aussi celles qui n'y appartenant pas sont des communes dortoirs. Le problème des écoles et des
contributions financières des communes rurales au fonctionnement des écoles de Moulins relève de la même problématique de concertation et de vision prospective.
Corollairement, et c’est un troisième point passé sous silence, excepté par la 3e liste constituée par un regroupement de
dissidents à la fois du PS et de l’UMP, mais aussi, apparemment de la CGT : des réserves foncières figurent au P.O.S. pour un éventuelle rocade intérieure qui permettra aux employés du
Conseil général (dont le nombre aura doublé ou triplé dès l’achèvement du nouveau bâtiment et de son parking sur 3 étages, construits dans un parc arboré qui avait été classé comme zone non
constructible au POS), et de la préfecture de « tracer » plus facilement pour sortir de l’hyper centre. Tout comme les parents des 800 élèves du collège Charles Péguy lui aussi situé
autour de la minuscule place de Verdun, qui viennent 2 fois par jour en voiture accompagner et reprendre leur progéniture. Je note avec intérêt que cette 3e liste aux municipales a déclaré que ce
projet de rocade intérieur devait être abandonné : peut-être parce que 3 des colistiers, ayant leur cabinet d’avocats en bordure de cette future rocade, visualisent bien l’enfer que la
réalisation de ce projet promet d’être. Ca passe ou ça casse ....
Sans compter que le parcours « en chicane » de la rue des remparts, devrait, à mon avis, dans une ville d’Art et d’Histoire, être classé, et les abords entretenus et aménagés (parce que pour l’heure, c’est un vrai coupe gorge). J'aurais l'occasion d'y revenir.
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