Suite à la correction des eaux du Jura, le niveau des lacs du canton de Neuchâtel, fut abaissé de 2 m 50.
Et l'on découvrit des milliers et des milliers de pieux enfoncés dans le sol.
Chacun des points rouge indique un site archéologique (source : les dossiers de l'archéologie mai-juin 2009).
A la Tène, on trouva un site qui donna plus tard son nom à la civilisation celte du "deuxième âge du fer" que l'on a retrouvée dans toute l'Europe et jusqu'en Asie mineure (les Galates).
Outre les pieux, le matériel trouvé sur le site de la Tène consiste en quelques crânes de chevaux et une multitude d'épées pliées. Des fouilles ont été reprises un siècle après.
Mais l'on a aussi trouvé des pieux qui sont à l'origine du mythe d'une civilisation lacustre, à l'âge du bronze (donc plus ancienne). Le nombre de pieux trouvés plaidait en faveur de cette hypothèse.
Des peuples qui vivent sur des îles artificielles, sur un lac, il y en a un peu partout : sur le lac Titicaca, au Cambodge etc... L'hypothèse n'avait donc rien d'abhérant.
Les Suisses aimaient ces ancêtres qui, vivant sur l'eau, ne pouvaient qu'être propres !
La dendrochronologie, la datation à partir des cernes des troncs d'arbres, qui a beaucoup servi à Emmanuel Leroy Ladurie pour son Histoire du climat depuis l'An mil, ouvrage publié vers 1970 et dont je recommande la re-lecture, afin de se faire une opinion sur les changements climatiques, a permis de dater avec précision la période à laquelle les arbres sont été coupés. Rien n'empêche qu'on en ait stocké quelques uns, néanmoins, l'on a découvert que ces pieux correspondaient à des périodes très différentes; donc à des villages qui s'étaient succédé dans le temps.
On penche désormais pour un habitat sur pilotis, certes, mais sur la terre ferme. On sait qu'au fil des siècles, les eaux des lacs de cette région n'ont cessé de monter et le niveau du sol archéologique était donc plus bas de 2 m 50 à 3 m du niveau des lacs au milieu du XIXe s.. Une cabane a été reconstituée dans le parc du "Laténium".
Et l'on a retrouvé aussi des habitats de ce type sur les rives de lacs italiens, en France, et sur de nombreux lacs de l'arc alpin (Autriche, Slovénie). En revanche, ces régions semblent ne pas avoir été autant affectées que la région de Neuchâtel par la montée de niveau de l'eau des lacs. Or, si l'on a pu recenser de si nombreux sites autour du lac de Neuchâtel, c'est qu'en milieu humide, les structures de bois se conservent particulièrement bien. Mais dès qu'elles sont émergées, si le bois n'est pas traité en laboratoire, il se dénature rapidement. Les pilots trouvés au XIXe s. se sont désagrégés : ce sont les trouvailles des nouveaux sites qui ont pu être étudiées en laboratoire.