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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 13:26

Les registres paroissiaux de l’Allier, notamment ceux de Saint-Menoux et d’Yzeure, conservent le souvenir de galériens, décédés au cours de leur passage dans notre région.
Un travail de recherche effectué par G. Crouzet dans les archives de la marine et les lettres des intendants permet d'en savoir plus sur ce sujet méconnu dans notre région.
Les galères sont des vaisseaux  mus par des rameurs : au XVIIe et au XVIIIe siècles, en France certains d’entre eux étaient des esclaves, d’autres des volontaires, mais la majorité étaient des forçats, condamnés à la "peine des galères".
Parmi eux on trouvait des protestants (après la révocation de l’édit de Nantes), des soldats déserteurs, des contrebandiers de sel et de tabac, des voleurs (dont le nombre croissait lors des grandes famines), des vagabonds, des paysans révoltés.
Emprisonnés d’abord dans les diverses prisons de France, ils étaient envoyés à Marseille, où étaient ancrés des  pénitenciers flottants.
Le convoi des condamnés aux galères s’appelait la « chaîne ». Une « chaîne » partait de Bretagne et passait par notre région, via la vallée de la Loire. Des routes secondaires, permettaient aux condamnés de toutes les juridictions de France de rejoindre le convoi à chaque étape.
Moulins constituait l’une de ces étapes.
Les prisonniers étaient unis 2 à 2 par une chaîne au milieu de laquelle il y avait un anneau. Le couple de forçats était relié au couple précédent et au couple suivant par une autre chaîne qui passait par cet anneau. Un témoin raconte que cette longue procession pouvait compter jusqu’à 400 personnes.
Le voyage, effectué à pied, est-il utile de le préciser, durait 6 à 7 semaines. La nourriture était fournie par les capitaines de chaîne, rémunérés pour conduire à Marseille les prisonniers. Ils évitaient naturellement de trop dépenser. La nourriture était donc chiche, l’état sanitaire laissait à désirer. Et les décès étaient fréquents (environ 10 % des hommes).

Aux étapes, les condamnés étaient enfermés dans les prisons. Celles de Moulins étaient, nous dit Guy Crouzet, le cauchemar des autorités. Et la lecture des lettres des intendants du Bourbonnais nous montre l’existence d’une certaine résistance à des mesures inhumaines. En mai 1687, l’intendant Florent d’Argouges fait ainsi part au secrétaire d’Etat à la Marine des difficultés qu’il rencontre : « ce n’est plus faute de réparations aux prisons de Moulins que les galériens se sauvent. Ils sortent à présent par les grandes portes.  Hyer (10 mai), sur les sept heures du matin, il en sortit douze, tous d’une volée, dont pas un n’avait les fers aux pieds ». Le concierge est naturellement complice. Mais d’Argourges ajoute : « C’est une cabale dans toute la ville pour trouver des moyens de sauver nos accusés ». Il signale d’autres évasions en date du 4 septembre. Et dénonce la complicité du lieutenant de la maréchaussée.
Quarante ans plus tard, son successeur a toujours le même souci : sur les 26 galériens arrivés à Moulins le 13 septembre 1729, 19 se sont évadés pendant la nuit. Et à nouveau, en 1736 : l’intendant de Moulins  en poste adresse un courrier à son collègue de Clermont pour lui donner la description de 4 faux sauniers évadés au début du mois de décembre.  Il précise : « il y en avait un cinquième qui s’est noyé en voulant passer la rivière et dont il n’est par conséquent plus question ».

Source : Guy CROUZET « En Bourbonnais au temps des galères » dans Aspects insolites de la vie en Bourbonnais aux XVII et XVIIIe siècles, p. 65 à 94.

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commentaires

P
C'est bien de la part de la population.... Belle journée.
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