Les premières constructions des maisons des villes du Bourbonnais furent effectuées avec une structure en bois. Les « terriers », sortes de registres
cadastraux qui nous les décrivent, démontrent qu’au XVe siècle, et sans doute encore au XVIe s., ce type de structure était la norme pour les maisons des notables. Les registres des comptes des
receveurs de Moulins, conservés depuis 1399 attestent qu’au Moyen Age (XIVe, XVe s.), le principal corps de métier du bâtiment, c’est celui des charpentiers. Le terrier de Moulins de 1460 fait
état d’une place, dans un faubourg, où, par terre, étaient assemblées les structures des maisons : du préfabriqué en sorte, que l’on hissait ensuite à l’aide de poulies.
Quelques films américains où sont mis en scène des Amish permettent de comprendre la façon dont on procédait.
à Montluçon
l'Hôtel
Moret à Moulins
Les interstices étaient emplis de pisé. Quant aux toits, ces mêmes terriers permettent de savoir qu’à la fin du XVe s., ceux en chaume étaient minoritaires :
l’abondance de l’argile dans notre région était telle que les tuiles firent rapidement leur apparition pour recouvrir les toits. Les maisons étaient séparées par des « ruettes entre
deux », qui servaient de coupe-feu : on peut penser que le risque d’incendies était important, mais les registres de comptes des receveurs de Moulins ne font état que de deux incendies
entre 1399 et 1530.
Le pisé a pour avantage d’être léger et de ne pas peser sur la structure, c’est un excellent isolant thermique, mais il faut très régulièrement l’entretenir car il est sensible à la
sécheresse, et peut-être plus encore à la pluie. Aussi, très rapidement, le remplissage des structures des maisons d’habitation fut-il effectué en briques : tel fut le cas de la
« maison de la ville » pour laquelle les receveurs firent l’acquisition de briques à l’occasion d’une réfection. Ou cette maison de HERISSON...
la maison Moussat à Hérisson
C’est sans doute à un incident de cuisson, et parce que l’on n’entendait pas gâcher, que l’on doit les décors de briques noires et rouges si typiques de notre région, au point qu’on l’appelle le
croisillon bourbonnais. Etait-ce pour imiter la charpente ? c’était l’hypothèse de François Voinchet, ancien architecte des monuments historiques.
Au XVIe siècle, les maisons à structure en bois cédèrent progressivement la place aux maisons en pierre : c’est le grès de COULANDON, riche en oxyde de fer et
qui prend une couleur rose avec le temps, qui fut d’abord employé. Piliers, "harpages" des fenêtres, angles de soutènement étaient en pierre, mais la brique rouge et la brique noire étaient
toujours employées pour le remplissage. Au XVIIe s., le calcaire d’APREMONT (sur la rivière d’Allier) fit son apparition.