Sur la commune de Noyant les Côtes Matras culminent à 485 mètres d'altitude. C’était un lieu de promenade très prisé de mes grands-parents :
aujourd’hui, y est installée une table d’orientation. Autrefois, on pouvait avoir une vue sur le Puy-de-Dôme. Malheureusement, il est maintenant caché par une forêt de pins Douglas !
Le Puy de Dôme (et la chaîne de volcans qui l’entoure) me fascine par cette façon qu’il a d’apparaître à l’horizon, dans certaines conditions météorologiques… On peut le voir sur la commune de
Cressanges, le long de la départementale qui va à Saint-Pourçain. On peut le voir du haut de l’église du Montet, fermée au public pour cause de raisons de sécurité. Mais surtout, on peut le voir
au lieu dit La Racherie, du nom d’une ancienne commanderie de Templiers, sur la RN 9, quand venant de Moulins, l’on roule vers Saint-Pourçain. dans la descente, celle où il y a un tournant qui
surprend, et où a été installé un radar !!! J’hésite à l’écrire, tant je crains que pour des raisons de sécurité, les autorités ne décident de le faire disparaître !
Cette façon de surgir au milieu de l’horizon est particulièrement spectaculaire. J’ai plusieurs fois tenté de le photographier : en vain ! d’abord parce que même si l’on croit que les conditions météo sont identiques à celles où on l’a aperçu la fois précédente, le Puy de Dôme garde seul l’initiative d’apparaître ou de ne pas apparaître … et puis parce que sur une pellicule, et plus tard, en pixelisation, même présent dans votre champ visuel, il ne s’inscrit pas forcément sur votre photo. J’ai réussi à le coincer, le bougre, lui et ses voisins, sur l’aire de repos des Volcans, un jour où j’allais à Clermont-Ferrand, mais ce n’est pas tout à fait pareil.
De guerre lasse, je l’ai dessiné…
Cette évanescence a bien de quoi fasciner. Comme a
de quoi fasciner le fait qu'il soit un volcan. De type péléen, plus précisément, c'est-à-dire qu’il est explosif. Il est endormi depuis 12 000 ans. Endormi, seulement … car Haroun
Tazieff avait émis l’hypothèse qu’il pourrait se réveiller.
10 000 ans avant notre ère, c’est la fin de la quatrième glaciation de l'ère quaternaire. L’eau des océans remonte lentement : elle a atteint son niveau actuel il y a environ 6 000
ans. Il y a environ 8 000 ans, la Mer Noire s'est remplie et l’on suppose que c’est cet évènement qui est à l’origine du mythe du Déluge.
La faune et la flore tempérées reconquirent les moyennes et hautes latitudes. Le Sahara se transforma en désert. Pour les archéologues commence la période du Mésolithique à laquelle succède le
Néolithique.
Les conditions de vie étaient devenues plus douces aux humains, ce qui favorisa un accroissement des populations,les poussa à se grouper, à se sédentariser. Elles commencèrent à domestiquer
certains animaux, et découvrirent l'agriculture qui remplaça progressivement la chasse et la cueillette. La céramique et la vannerie se développèrent, les produits « de luxe »,
obsidienne ou pierres semi-précieuses firent l’objet d’échanges. Les premières monnaies apparurent. On estime alors à 50 000 le nombre d’hommes vivant sur l’actuel territoire de la France.
Il faut imaginer que des tribus vivaient dans notre région et ont été contemporaines des éruptions des volcans de la chaîne des Puys …. Et l’on peut aussi comprendre ce qu’ils ressentaient, quand
brusquement, à l’horizon, à la suite d'une éruption, se déchaînait une tempête de feu… On peut bien concevoir que pour eux, ces montagnes qui explosaient et s’enflammaient, recelaient des
mystères, Hébergeaient des dieux !… Ils devaient les craindre et ont dû transmettre leurs craintes à leurs descendants, ces populations protoceltes que l’on trouve à l’âge du bronze. Il n’est
donc pas étonnant que les Gaulois, à la suite de leurs ancêtres, aient considéré le Puy de Dôme comme une montagne sacrée. On sait qu’il y implantèrent un temple, dédié à un dieu dont on peut
imaginer qu’un des attributs était la foudre. On le connaît sous plusieurs noms : Genius Arvernorum ou encore Arvernorix ("le roi des Avernes") et après que ce soit effectué un syncrétisme avec
le panthéon romain, sous son nom romanisé : Mercure Dumias (Dumias = du Dôme). Au même emplacement, les gallo-romains du Ier ou du IIe siècle, lui ont édifié un temple qui fut abandonné
vers le IIIe ou IVe s., et que des archéologues sont en train de fouiller.
Les gaulois (des Arvernes) qui habitaient alors à Noyant ou Châtillon ne devaient pas manquer de se rendre sur les Côtes Matras, d’où l’on pouvait observer ce dieu
de leur tribu. C’est l’hypothèse de Maurice Piboule que ce toponyme « Matras », une racine indo européenne qui rappelle celle de « mater » (« Mutter » dans les
dialectes germaniques) serait en relation, puisqu’on y a trouvé des vestiges de sanctuaire, avec ces divinités « les Mères », thème si fréquemment décline par les potiers locaux.
Ce dernier modèle a inspiré la statuaire chrétienne : on trouve dans des églises de la Nièvre et de l'Allier des vierges qui abritent ainsi de leur manteau des petits personnages.
Les "Mères" sont aussi souvent représentées par groupes de trois.
On peut voir plusieurs de ces statuettes en terre blanche au musée Anne de Beaujeu, à Moulins. Celles que je publie ici sont des reproductions élaborées par Maurice Franc reconstituées à
partir des moules retrouvés dans les fouilles par Hugues Vertet et par lui-même. Ces reproductions en plâtre (j’en ai acquis une) étaient en vente à la FAL, rue du Progrès à Moulins et avaient
fait l’objet d’un petit ouvrage de la Bibliothèque pédagogique : si j'avais une suggestion à faire aux "décideurs" du département, le leur proposerais de mettre en vente ces charmants
objets à l'office de tourisme.
On retrouve des reproductions des statuettes en terre blanche de l'Allier dans tous les ouvrages en anglais qui traitent des Celtes. J'en ai vu au musée de Cologne, qui ont été retrouvées dans
des fouilles dans la vallée du Rhin, parce qu'elles faisaient l'objet d'un commerce à l'international.
Les Côtes Matras vont bientôt se couvrir de genêts, que l'on appelle ici des "balais", parce que l'on s'en servait pour en fabriquer. Il n'y a pas si longtemps que mon père s'en était
fabriqué un pour balayer son garage.
de bruyère
aussi...
Una association a le projet d' y installer un téléscope pour observer les étoiles : amusante coïcidence ! Observer le ciel était une des principales occupations des druides gaulois
comme l'atteste le fameux calendrier de Coligny.