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23 mars 2009 1 23 /03 /mars /2009 11:43

Le jeudi 19 mars, France 2 proposait dans Envoyé Spécial, un reportage sur le Swaziland : pays où l’espérance de vie est la plus faible au monde (31 ans) et où le pourcentage de malades atteints par le SIDA ou séropositifs, est de près de 50 %... Où le roi Mswati III a affirmé avec assurance sa conviction que la polygamie «ne contribuait pas à la propagation du VIH parmi la population» (Wikipédia). Et où les fillettes connaissent leur première expérience sexuelle à 12 ans, souvent suite à un viol et la plupart du temps perpétré par leur oncle...
A supposer que ce dernier utilise un préservatif, est-ce plus tolérable pour autant ?
J'ai entendu le concert de protestations contre la première partie des propos tenus par Benoît XVI dans l'avion qui le transportait au Cameroun ("l'utilisation du préservatif est susceptible d'accroître l'épidémie du SIDA"). Je trouverais intéressant qu'on commente aussi la deuxième partie, celle où il est question de moraliser ce qui a trait à la sexualité, notamment la notion de respect de l'autre. Entre les obsessions malsaines de certains confesseurs dont témoignent les manuels de confession et les contraintes dont se sont affranchis certains prêtres et prélats, le passé de l'Eglise catholique, qui  n'a pas confessé ses erreurs, laisse certes douter de sa compétence à parler de ce sujet, mais il me semble qu'il devrait quand même susciter autant d'enthousiasme chez les polémistes et les donneurs de leçons, que le débat sur l'utilisation du préservatif.

Une photo prise à Madagascar où les fillettes sont mères à 12 ans...

Le verbe "engrossées" est peut-être plus adéquat...

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21 mars 2009 6 21 /03 /mars /2009 15:31

Il paraît qu'Isabelle ADJANI a fait battre tous les records d'audience à ARTE, hier avec ce film. Et c'est bien mérité... 
Au début, j'ai trouvé qu'elle sur jouait un peu, mais j'ai été rapidement fascinée par l'audace du sujet traité :  la morale est sauve puisque la prof qui menace ses élèves avec un pistolet pour leur faire étudier MOLIERE  et leur rappeler quelques grands principes de la république laïque, est physiquement éliminée.

Je parlerai prochainement d'un film que j'ai aussi beaucoup aimé : Slumdog milionaire
   

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18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 12:21

Les premières constructions des maisons des villes du Bourbonnais furent effectuées avec une structure en bois. Les « terriers », sortes de registres cadastraux qui nous les décrivent, démontrent qu’au XVe siècle, et sans doute encore au XVIe s., ce type de structure était la norme pour les maisons des notables. Les registres des comptes des receveurs de Moulins, conservés depuis 1399 attestent qu’au Moyen Age (XIVe, XVe s.), le principal corps de métier du bâtiment, c’est celui des charpentiers. Le terrier de Moulins de 1460 fait état d’une place, dans un faubourg, où, par terre, étaient assemblées les structures des maisons : du préfabriqué en sorte, que l’on hissait ensuite à l’aide de poulies.
Quelques films américains où sont mis en scène des Amish permettent de comprendre la façon dont on procédait.

        
 à Montluçon
 
                                                           l'Hôtel Moret à Moulins 
Les interstices étaient emplis de pisé. Quant aux toits, ces mêmes terriers permettent de savoir qu’à la fin du XVe s., ceux en chaume étaient minoritaires : l’abondance de l’argile dans notre région était telle que les tuiles firent rapidement leur apparition pour recouvrir les toits. Les maisons étaient séparées par des « ruettes entre deux », qui servaient de coupe-feu : on peut penser que le risque d’incendies était important, mais les registres de comptes des receveurs de Moulins ne font état que de deux incendies entre 1399 et 1530.
Le pisé a pour avantage d’être léger et de ne pas peser sur la structure, c’est un excellent isolant thermique, mais il faut très régulièrement l’entretenir car il est sensible à la sécheresse, et peut-être plus encore à la pluie. Aussi, très rapidement, le remplissage des structures des maisons d’habitation fut-il effectué en briques : tel fut le cas de la « maison de la ville » pour laquelle les receveurs firent l’acquisition de briques à l’occasion d’une réfection. Ou cette maison de HERISSON... 


la maison Moussat à Hérisson
C’est sans doute à un incident de cuisson, et parce que l’on n’entendait pas gâcher, que l’on doit les décors de briques noires et rouges si typiques de notre région, au point qu’on l’appelle le croisillon bourbonnais. Etait-ce pour imiter la charpente ? c’était l’hypothèse de   François Voinchet, ancien architecte des monuments historiques.


Au XVIe siècle, les maisons à structure en bois cédèrent progressivement la place aux maisons en pierre : c’est le grès de COULANDON, riche en oxyde de fer et qui prend une couleur rose avec le temps, qui fut d’abord employé. Piliers, "harpages" des fenêtres, angles de soutènement étaient en pierre, mais la brique rouge et la brique noire étaient toujours employées pour le remplissage.     Au XVIIe s., le calcaire d’APREMONT (sur la rivière d’Allier) fit son apparition.

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9 mars 2009 1 09 /03 /mars /2009 15:43

Entre octobre 1995 et janvier 1997, j’ai été nommée pour effectuer l’intérim d’un groupement comptable vacant regroupant plusieurs collèges ruraux. Outre que mes collègues de l’agglomération s’en sont émus et se sont plaints au Rectorat, considérant que cet « honneur » leur revenait, vu qu’ils étaient plus compétents que moi (mais ce sera l’objet d’une autre chronique de « ces gens étranges… »), j’ai failli, d’une autre façon, entrer dans la quatrième dimension.
En 14 mois, j’ai eu le loisir d’assister à plusieurs conseils d’administration : les gens étaient sympa... Dans un des collèges, autour du blanc cassis – chips, qui clôture ordinairement les C.A. (les budgets de collèges sont très serrés !), j’avais notamment sympathisé avec un jeune prof d’anglais : il avait un visage pas banal (j’ai appris par la suite qu’il était d’ascendance tahitienne), les cheveux longs… et faisait des interventions pleines de pertinence. M’eût-il invitée à manger chez lui, j’aurais vraisemblablement accepté. Et je me serais volontiers laissée entraîner dans une discussion philosophique. Comme lui, qui avoua plus tard y trouver un exutoire, j’adore échanger des idées. Mais mon intérim a cessé avec la nomination d’un comptable titulaire et je n’ai plus eu l’occasion de rencontrer auncun des membres des "communautés éducatives" de ces collèges, situés à une certaine distance, pour ne pas dire une distance certaine de mon établissement principal.
Si je n’ai jamais eu l’occasion d’accepter une invitation conviviale à dîner du sympathique angliciste féru de philo, un des surveillants du collège l’a fait : et c’est en ouvrant mon journal huit mois plus tard que j’ai découvert qu’il avait été assassiné de 20 coups de couteau, après une discussion portant sur le bonheur. Il semblerait que la dernière chose dont il ait eu conscience est que « la peur est un obstacle au bonheur ». Conclusion à laquelle les deux protagonistes étaient en effet arrivés, à l’aube, après plusieurs heures d’échanges philosophiques, si longues que la compagne du charmant prof d’anglais était allée se coucher.
Il semblerait que quand je l’ai rencontré, il suivait un traitement médicamenteux qui bloquait ses délires, traitement qu’il avait stoppé par la suite : agnostique, il se prenait alors tantôt pour une réincarnation de Bouddha, tantôt pour une réincarnation de saint Jean le baptiste. De culture tahitienne, il avait croisé la route d’une Amérindienne et en prison, il a cru pouvoir s’évader par la seule force de sa pensée… « mais s’est heurté aux murs », rapporte un journaliste qui a suivi son procès aux Assises. Il paraît qu’il entre des substances illicites dans les prisons, mais sans cela, Karl MARX ne disait-il que « la religion est l’opium du peuple » ?

Sans tabou, il en était même arrivé à se demander si Hitler n’était pas un prophète et s’en était confié à un de ses collègues d’histoire géographie qui en avait été très secoué.

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7 mars 2009 6 07 /03 /mars /2009 14:04

sans ces photos, extraites du catalogue de l'expo :






le "roseau" est un costume créé
pour un ballet de Philippe DECOUFLE en 2007.
Ils collaborent depuis longtemps : le créateur, Philippe GUILLOTEL avait déjà conçu les costumes de l'inauguration des jeux olympiques d'ALBERTVILLE en 1992. Son style est très reconnaissable : il y a aussi un baobab et une salade !!!









Plus classique, une très jolie réalisation : la robe portée en 1974 par la cantatrice Christiane EDA PIERRE dans les contes d'Hoffmann de J. Hoffenbach.



un détail des paillettes rebrodées et peintes d'un verni "vitrail".
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6 mars 2009 5 06 /03 /mars /2009 16:41

La très jolie exposition visible actuellement au Centre National du Costume de Scène est installée depuis maintenant 5 mois. Il reste donc peu de temps pour aller l'admirer. Deux amies étaient venues de loin pour la voir : il faut dire que ce sont des passionnées, d'opéra, de théâtre, de beaux tissus... Là, nous avons été gâtées : il y a beaucoup de soie, dont une superbe collection de châles peints espagnols. Des échantillons sont accrochés dans les salles, à portée de mains...
Nous nous sommes donc attardées 3 heures et demie : il faut avouer que nous avons particulièrement apprécié la salle où on a eu la bonne idée d'installer un profond canapé. Cette fois-ci, une fiche commentant chacun des costumes, pour quelle oeuvre il a été conçu et en quelle année, était disponible à l'entrée de chacune des salles.
Des films sont projetés dans la petite salle de cinéma : l'un d'eux qui durait 26 mn, m'a particulièrement intéressée. Il présente le métier de "plumassier" : le traitement des plumes d'autruches, la fabrication de robes en plumes collées sur un tulle...   
En juin, une exposition sera dédié à R. Noureiev et cet hiver, il y aura une expo sur les ballets russes.

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1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 12:38
Lorsque j'ai découvert dans un article de mon journal, que dans une petite ville voisine, s'était installé en libéral un archéologue dont la spécialité est la "castellologie", qui offrait des compétences d'"ingénirie culturelle", non seulement j'ai cru entendre parler un de mes anciens conseillers en formation continue qui adorait se gargariser de mots de ce genre, mais je dois dire qu'il m'a fallu relire à plusieurs reprises l'article.
En matière de création d'emploi, je prêche pour l'imagination et l'innovation. Mais là, je suis bluffée... et vexée de ne pas y avoir pensé moi-même : j'ai en effet travaillé sur quelques chantiers de fouilles dans ma jeunesse.
C'est mon expérience, justement, qui m'a fait me demander comment il pourrait vivre de cette seule activité : les rares personnes qui se présentent comme "castellologues" sur internet,  sont apparemment tous des professeurs d'université, déjà "médiévistes" et cette activité, annexe de leur activité principale, occupe leurs vacances.
Une loi de 2003 a bien ouvert à la concurrence le marché de l'archéologie préventive, mais ce que craignaient les archéologues classiques, c'était la concurrence d'entreprises de travaux publics qui auraient trouvé intérêt à monter une activité annexe leur pemettant d'activer les chantiers... (c'est si désagréable de trouver des vestiges quand on a un projet sérieux à réaliser : j'ai bien connu l'ancien proviseur du lycée de Saint-Romain-en-Gall qui a été confronté au problème ! ça coûte du temps et le temps coûte cher). Ils se seraient ainsi trouvés juges et partie, ce qui aurait pu être ennuyeux. Il existe toutefois en France d'autres archéologues libéraux : mais seuls 3 d'entre eux ont été agréés pour répondre aux appels d'offre lancés.  L'on n'abat que rarement des châteaux pour construire des autoroutes et autres "ouvrages d'art" : la "castellologie" n'est, de prime abord, pas un marché porteur.
Notre castellologue a son bureau dans le cabinet d'architecte de son épouse : je suppose qu'en attendant que le marché de la castellologie prenne de l'ampleur, il travaille plus prosaïquement dans la restauration de granges et de fermes...
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23 février 2009 1 23 /02 /février /2009 14:53

Il y a des noms de rues qui font rêver : à MAMERS, j'aurais aimé habiter la rue d'Estournelles de Constant. J'aurais trouvé ça assez classieux, moi qui logeait bêtement place de la République. A AMBERIEU, j'ai longtemps cherché à savoir qui était "Alexandre Bérard prolongé" avant de découvrir que dans sa version non prolongée, c'était un ancien conseiller général. A MOULINS, j'aurais pu être affectée au lycée gracieusement sis sur le Cours Vincent d'Indy, mais non, celui qui m'échût, après avoir longtemps été domicilié rue du Repos vit son entrée prosaïquement déplacée place Jules Ferry.  
Marcellin DESBOUTINS a sa rue à Moulins : elle est surtout connue parce que la Mutualité sociale agricole, institution qui compte dans notre beau Bourbonnais y a son siège. Mais qui était-il ?

Tout le monde le connaît : la preuve ....

Eh oui ! c'est lui le pochtron assis à gauche d'une gourgandine que DEGAS a pris comme modèle pour sa célèbre absinthe.
Il était né à CERILLY, a longtemps vécu et accueilli ses amis dans sa villa des hauteurs de FLORENCE. Ami des peintres impressionnistes, il fit le portrait de plusierus d'entre eux. Il avait un très joli coup de  crayon : ses dessins à la pointe sont exposés au premier étage du musée Anne de Beaujeu. 

A propos de Florence : il est une blague dont je ne me lasse jamais. Une des rares dont je réussisse à me souvient : "Quelle différence y-a-t'il entre Florence et Bécon-les-Bruyères ?". C'est qu'à Bécon-les-Bruyères, on peut toujours trouver une fille qui s'appelle Florence, mais que je vous mets au défi de trouver à Florence une fille qui s'appelle Bécon-les-Bruyères...   Quant à Paul d'Estournelles de Constant, s'il est oublié des livres d'histoire, c'est un personnage intéressant : il obtint le prix Nobel de la paix et était opposé à la politique coloniale, ce qui en son temps était assz subversif. S'il y avait eu plus d'hommes politiques comme lui pour plaider la réconciliation franco-allemande, aurait-on pu éviter les deux guerres "mondiales" ?
 

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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 09:47
En 1992, j'avais été fascinée, à HANOI, par le temple de la littérature qui était peu fréquenté alors par les touristes : on pouvait donc bien s'imprégner de l'athmosphère.
Edifié en l'honneur de CONFUCIUS, à la fin du XIe siècle, ce temple était aussi un lieu d'études. Il fut aussi la première "université" du VIETNAM.
Il fallait descendre de cheval pour passer l'entrée principale.



 
Du haut de ce pavillon, les lettrés déclamaient leurs poêmes. Comme au sein de l'université européenne, où, au Moyen Age, on pratiquait la "disputatio", et où, de nos jours encore, on "soutient" une thèse, c'était la qualité de l'expression orale qui faisait le bon étudiant.


En ce mois de novembre 2008, des groupes d'étudiants s'y faisaient photographier.




Les mandarins étaient des "fonctionnaires", militaires ou civils, recrutés par concours. Ces derniers étaient organisés tous les trois ans. Créé au VIIe siècle en Chine, le système de recrutement par concours visait à contrebalancer l'influence de la noblesse (de fâcheuse mémoire après la période des "seigneurs de la guerre") et à éviter qu'elle ne s'empare des rênes du pouvoir : les rois du Vietnam, qui fut longtemps sous influence chinoise, adoptèrent cette institution. Elle favorisait une société ouverte et dynamique : à partir du XVe siècle, acceptait les meilleurs élèves de chaque province, qui y avaient déjà réussi les 4 concours. La plupart était d’origine populaire.
Mais, au XIXe s. et au début du XXe s., le système mandarinal avait fini par se scléroser.

Ce pavillon abrite quelques unes des 82 stèles (sur les 117 qui devraint normalement s'y trouver): chacune d'elles est portée par une tortue en pierrre, symbole à la fois de longévité et de sagesse. Y sont gravés les noms  de tous les lauréats du concours de doctorat  de 1498 à 1787  : les plus anciennes sont rédigées en caractères chinois, puis, au XVIIe siècle, l'alphabet romain fut adopté. 
 Ce jeune diplômé était fier de se faire photographier avec son diplôme.




Les mandarins accédaient à une forme de divinité :









L'actuelle bibliothèque nationale est implantée à l'emplacement du camp où autrefois, les lettrés de province, venus passer le concours à HANOI, étaient rassemblés.

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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 09:33

J'ai beaucoup aimé les années que j'ai passées à l'université. Et j'aime bien collectionner les diplômes. Mais ce que j'avais observé des rapports entre universitaires et ce que je savais de son fonctionnement ne m'a pas donné envie d'y faire carrière.
 
Il faut être réaliste, les étudiants qui sortent avec un diplôme en poche sont, dans la majorité des cas, orientés vers des "petits boulots". Et celà s'est aggravé  au cours des vingt dernières années. Les postes intéressants reviennent aux élèves des grandes écoles.
Au sein de l'université, on peut obtenir son bâton de maréchal en devenant "enseignant-chercheur" : mais cette promotion est réservée à une minorité qui connaît bien les arcanes de l'université et est capable de mettre en oeuvre des stratégies d'ascension professionnelle. En 1968, on ne parlait pas d'"enseignants-chercheurs" mais de "mandarins" : depuis, leur statut s'est dégradé, mais ils ont appris à communiquer avec leurs étudiants. L'écho des manifestations ou de l'émission "en direct de la Sorbonne" que j'ai entendue sur Europe 1 l'autre jour, est assez parlante.
Je suggérerais au public, et aux parents d'étudiants, de s'informer avec précision sur le statut réel de ces professeurs qui dispensent des cours en premier cycle devant des amphithéâtres pleins. Et qui doivent corriger autant de copies ! Sont-ils "enseignants-chercheurs" ? Ou ces tâches lourdes et ingrates sont-elles dévolues à de besogneux "non titulaires" ?

C'est entendu : il faut réformer l'université. Les étudiants bacc + 5 voués à passer leur vie comme "animateur socio-culturel" dans une cité de banlieue en sont les premiers conscients. Le gouvernement sans doute aussi (en tous cas je sens que Mme Pécresse est sincère), qui affirme haut et fort sa volonté de changer les choses.
Mais pourquoi donc, M. Nicolas SARKOZY, pour présenter sa réforme, manie-t'il l'ironie facile vis à vis des enseignants chercheurs qui "vont dans leurs labos pour avoir à éviter de se chauffer chez eux" ou quelque chose d'approchant. Il y en a peut-être, mais la généralisation est abusive. Moi qui ne suis pas enseignante, qui trouve un peu démagogue leur attitude quand je les entends s'exprimer et que j'entends leurs étudiants les ovationner comme des vedettes du show biz, je suis très perturbée par le mépris à leur encontre qui transpire, non seulement des propos, mais surtout des mimiques du président.

J'ai entendu s'exprimer, sur le sujet que je viens d'aborder, M. Axel KAHN, un mandarin sympathique : j'envisage favorablement ses propositions d'universités autonomes, d'équipes ayant une démarche de projet (un travail en équipe, à l'université comme ailleurs, génère un plus grand dynamisme) et qui gagnent de l'argent grace à ces projets. Pour reprendre le parallèle avec la télévision publique : la BBC gagne beaucoup d'argent en vendant ses documentaires si réputés. Il n'y a aucune honte à ce qu'un financement ne soit pas fait exclusivement par le biais de subventions, donc avec l'argent des contribuables.

En ce qui concerne l'évaluation : pour ne pas être contestable, il me paraît sain qu'elle soit effectuée extérieurement au corps professoral. Un peu comme il vaut mieux que les comptabilités des universités soient évaluées (et jugées) par la Cour des Comptes plutôt que par le président d'université qui est ordonnateur des dépenses... ou par un conseil d'administration. Pour reprendre les mots de Coluche : il fait sortir des "milieux autorisés". Un de mes anciens profs de fac, qui avait pourtant bien su tracer sa route dans le marigot, parlant de la promotion au sein de l'Université disait qu'elle se faisait "par cooptation, comme tout ce qui n'est pas franc du collier". Un autre, évoquant le Conseil scientifique dont il était pourtant membre, ironisait : "ça ressemblait au soviet suprême du temps de Brejnev" et me rapportait que ce même conseil scientifique avait refusé d'accueillir en son sein un agrégé, titulaire de doctorat, avançant comme argument qu'il était trop "rustique".

Je n'ai pas suivi les dernières réformes, mais j'ai peur que derrière les slogans mis en avant ("nous luttons pour que vos enfants puissent accéder au savoir"), c'est la défense de ce système qui représente pour les manifestants l'enjeu. Or l'enjeu, le véritable enjeu de l'université du 21e siècle, c'est que ceux, TOUS CEUX, qui ont investi beaucoup de leur temps à étudier des choses qui ne les a pas toujours passionnés, aient un retour : un boulot intéressant et/ou valorisant. Et que l'argent investi par le contribuable modeste ait une réelle efficacité. 

Pour réformer, il faut poser les problèmes, les vrais problèmes, sur la table, ceux qui concernent le plus grand monde. Il faut aussi trouver les bons interlocuteurs (je suggérerais d'écouter ce qu'ont à dire les anciens étudiants sur voie de garage : ceux qui, bardés de bagages, ne trouvent à les poser que dans un secrétariat, une caisse ou un rayon de grande surface : cf le blog "caissieres no future)), et surtout éviter cette gestion des problèmes par l'ironie. Peut-être qu'au sein d'un parti politique, par essence nid de "tueurs", pour arriver au sommet, cette méthode qui vise à déconsidérer l'adversaire, est consubstancielle. Mais gouverner, c'est gérer : et le but n'est pas d'éliminer les administrés. La gestion "Père Ubu" ("le peuple n'est pas d'accord ? Supprimez le peuple !") des problèmes ne peut que déboucher sur la violence.

Et il faut garder conscient à l'esprit que résoudre des problèmes, élaborer des réformes, c'est une cause commune, un "bien public".

Je propose donc à tous ces gens de plancher sur un sujet : le service public de l'Université.  J'attends leurs copies avec impatience.


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