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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 20:56

Le 9 novembre 1989, je n'étais pas à Berlin : je bossais. On venait de me refiler une comptabilité assez surréaliste à dépatouiller.
Mais ça ne m'empêche pas d'être l'heureuse propriétaire d'un morceau du mur. Valeur d'achat en 1994 : 2 DM (un peu plus d'1 €) au musée qui remplace maintenant "check point Charlie", ce qui atteste de son authenticité.

Cette pièce est donc déjà historique et je suis assez tentée de faire courir la rumeur qu'elle a été détachée du mur par le petit marteau de Nicolas Sarkozy.
Et je file de ce pas ouvrir un coffre à la banque.

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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 12:22
Lorsque les Cours ont été réaménagés, j'ai fait partie des rares (très rares) moulinois qui ont trouvé qu'on y accordait encore trop de place à la voiture.
Mis à part une exposition de photos, il y a deux ans, et l'opportunité saisie par un restaurant d'établir sa terrasse sous les tilleuls, la promesse de la municipalité de faire de la partie "neutralisée" un espace vivant n em'avait pas convaincue.
Et puis, à la mi octobre, alors qu'avec les membres de la Société Bourbonnaise des Etudes Locales, nous nous dirigions, justement, vers le dit restaurant où nous avions invité notre conférencier, surprise !!!
     




 cette sculpture s'appelle "singe avec un casqye militaire" !!!!!




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1 novembre 2009 7 01 /11 /novembre /2009 15:55


Le vénérable Thich Trung Quan est né en 1917 (« dans une famille bonne et honnête »). Il partit à la recherche d’un maître dont il suivrait les enseignements et devint moine à l’âge de 20 ans.
En 1959, il partit diffuser son enseignement au Laos où il fonda 2 pagodes.

Il arrive en France en 1977 : il y a initié la construction de 7 pagodes dont celle de Noyant, en 1982. Il a aussi fondé une pagode à Bruxelles et une à Seattle aux Etats-Unis.
Il a sculpté de ses propres mains plusieurs statues du Bouddha. Bâtisseur, il fut aussi aussi traducteur et on lui doit 80 ouvrages traduits du chinois en vietnamien. Ascète, il entendait montrer l’exemple.


Il est mort à 86 ans le 1er avril 2003, ce qui se traduit sur sa stèle par la périphrase : « il a quitté son corps de manifestation pour rejoindre son corps de Dharma ».


Il a été incinéré et ses cendres transférées dans le stupa de l’enceinte bouddhique de Noyant, le  27 septembre de cette année, ce qui a été l'occasion d'un rassemblement important de bouddhistes du monde entier.

Voici quelques photos de la cérémonie qui m'ont été obligeamment communiquées par un jeune couple venu de Bruxelles pour participer à cette grande fête.





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20 octobre 2009 2 20 /10 /octobre /2009 11:15

La Vague (die Welle) est un film sorti en 2008, et qui a, paraît-il, obtenu un phénoménal succès en Allemagne.

Il a été projeté à Moulins dans le cadre du festival  Jean Carmet, qui non seulement projette des films pour attribuer un prix du second rôle, mais aussi des courts métrages ainsi que des films à destination du jeune public. C’est dans ce dernier cadre qu’a été projetée « La Vague ». Je seraisq curieuse de savoir quelles conclusions en ont tirées les classes de 3e qu'on y a emmenées. Une cinéphile avertie a attiré mon attention sur lui, en me le résumant ("le prof fait porter un uniforme à ses élèves : un jean et une chemise blanche et les jeunes se saluent par un geste de reconnaissance qui imite le mouvement d’une vague") et en concluant « ils sont fous ces allemands ». 
J'ai été surveillante dans un lycée et, un beau jour de printemps, un de mes collègues avait fait ironiquement remarquer : « vous avez vu, nous sommes en uniforme : nous portons tous un jean et une chemise ou un chemisier blanc ! ».

Voici donc le résumé du film :
Ses élèves l’appellent Rainer et le tutoient : 45 ans, la nuque bien propre, fan de « Techno » qu’il écoute à fond la caisse dans sa voiture, habitant avec sa compagne prof et enceinte sur une péniche, il entraîne l’équipe de water polo de l’école qui doit affronter à la fin de la semaine celle d’un établissement voisin. Il enseigne, on ne sait trop quelle matière, d’ailleurs, à une classe de terminale dans une Volkhochschule d’une ville assez glauque. La plaque d’immatriculation (BE) ne correspond à rien, mais le paysage urbain évoque assez bien une de ces villes sinistrées de l’ancienne RDA.
Peu de temps avant la fin de l’année scolaire, les élèves de terminale doivent s’inscrire dans un groupe pour travailler autour d’un thème : le choix est offert entre l’anarchie ou l’autocratie. L’objectif de la direction de l’école et de l’équipe pédagogique est clairement affirmé : « il faut faire prendre conscience aux jeunes que la démocratie est le meilleur des systèmes politiques ».
Rainer est un peu vexé de ne pas avoir été retenu pour animer le thème autour de l’anarchie car il s’estimait compétent pour ce faire : il a étudié à Berlin et a habité un squat pendant plusieurs annéesn, rappelle-t'il. Et c’est à un bavarois aux abords de la retraite que l'anarchie a été confiée ! Il lui échoit donc de parler de l’ « autocratie ».
La première leçon consiste à définir le sujet : « Système politique dans lequel le souverain dispose d'un pouvoir absolu  - synonymes : absolutisme, arbitraire, autoritarisme, despotisme, dictature, tyrannie ».

Puis Rainer a l’idée de faire faire des exercices pratiques. Il faut d’abord élire un leader : les élèves élisent leur prof. Les réactions des jeunes lui échappent peu à peu et la situation va déboucher sur un drame.


Le critique de Télérama a jugé que ce film, qui se déroule sur une seule semaine, n’était pas plausible. C’est vrai : mais les tragédies du XVIIe siècle sont censées se dérouler en une journée. Et on les étudie encore dans les lycées et même en fac !

Ce film est une parabole et peut se lire de plusieurs façons. S'agit-il d'une mise en garde du réalisateur contre un renouveau du nazisme en Allemagne ? 
Une des lycéennes affirme au début de l'histoire : « la dictature, ça ne peut pas revenir en Allemagne : on nous a assez prévenu contre ». Si j’ai remarqué que l’histoire se déroule apparemment dans l’ancienne Allemagne de l’est, c’est que je me suis mise à la place de ces allemands de 20 ans, nés avec la chute du mur. A l’est, les autorités de RDA ont dédouané leurs concitoyens du poids du nazisme, en rappelant, non sans justesse d’ailleurs, que les communistes avaient été des résistants. Mais, avec la révélation au public des archives de la Stasi, les jeunes allemands de l'est ont découvert que quand leurs parents étaient jeunes, ils s’espionnaient et se dénonçaient à l’intérieur des familles.


Rainer est un « alternatif ». A la fin du film, il sait faire preuve de courage et d’une sage autorité avant d'être emmené, menottes aux mains par la police. Dans le film, les anarchistes ne sont pas mieux traités que les sympathisants de « la Vague » : ils sont présentés comme assez bas de plafond et apparaissent comme plutôt agressifs. Et puis, il y a des côtés sympa aussi dans ce mouvement : une nouvelle solidarité entre les élèves s'instaure, notamment quand l’un d’eux est pris à parti par deux jeunes hérissés de percings. Avant de troquer leurs vêtements contre un jean et une chemise blanche, les punks ou les « gothiques » de la classe de terminale, portent aussi des uniformes, comme le leur fait remarquer Rainer.

Et puis, des signes de reconnaissance dans les saluts, il n’y en a pas que dans les mouvements totalitaires !


Mais dans ce processus d'aliénation de l'esprit critqiue,  les allemands ne sont pas, par une fatalité de leur destin, les seuls en cause : je renverrai à un ouvrage assez ancien (mon exemplaire date de 1974) d’un psychologue américain nommé Stanley Milgram, « la soumission à l’autorité ». Pour une soi-disant expérience sur la résistance physique de cobayes humains, il avait placé des volontaires devant une console avec des boutons supposés envoyer un courant électrique. Derrière la vitre, le cobaye mimait la douleur. Un « scientifique » en blouse blanche  placé derrière eux leur donnait l’ordre de continuer, voire d’augmenter la puissance du courant… Que croyez-vous qu'il advint ?

Dans le film, il y a deux jeunes filles, deux seulement (et des filles !), modernes Inge Scholl, qui occupent leurs nuits à rédiger des tracts, à les photocopier (on a déconnecté leurs ordinateurs) pour dénoncer les dérives qu’elles perçoivent. Elles les distribuent le jour du match de water polo au cours de laquelle, un équipier, membre de la Vague, tente de noyer un de ses adversaires !

En ce moment sort sur les écrans
le « ruban blanc », Palme d'or à Cannes, qui veut aborder les raisons de l'émergence du nazisme.

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11 octobre 2009 7 11 /10 /octobre /2009 17:55

Jean Débordes, dans son ouvrage : L’Allier dans la guerre (1939-1945) constate les nombreuses exactions commises dans notre région par l’armée allemande à partir du 6 juin 1944 : « En quelques semaines, elle tua de sang-froid quelques cinquante quatre hommes ou femmes et brûla des dizaines de maisons ». 

A Noyant, la présence d’ukrainiens à la recherche des terroristes atteste bien que la colonne allemande qui rechercha les auteurs de l’embuscade du Rocher Noir et emmena des otages à Moulins (témoignage de Léon Dezamais) relevait des Waffen SS. Mais elle dépendait sans doute de la brigade « Jesser », connue aussi comme division,  groupe mobile Jesser, colonne Jesser, etc …. Moins connue que la division Das Reich, qui avait quant à elle sévi sur le front de l’est, la division Jesser, à l’époque des faits rapportés (été 1944 - 1ère partie ) était une création récente : c’est le 6 juin 1944, en effet que le général Kurt Von Jesser se vit confier le commandement de diverses unités, assez disparates, nous allons le voir, pour réprimer et anéantir les maquisards auvergnats et limousins.
En effet, depuis le printemps 1943, les maquis s’étaient multipliés dans l’Allier : J. Débordes en recense 29 (p.113 à 135)
La brigade Jesser sévit donc dans l’Auvergne et le Limousin de juin à août 1944, avant de se replier sur Autun et se battre dans la poche de Colmar en 1945. Son quartier général était situé à Ussel en Corrèze.
C’est cette colonne Jesser qui entre le 8 et le 15 juin a  «liquidé» le réduit du Mont Mouchet.
Elle rassemblait des Waffen SS, des « Légions étrangères », des Feldengendarmen (c’est à dire la police militaire)..  Les origines ethniques des hommes qui y étaient incorporés sont véritablement étonnantes. J’ai longtemps cru que les SS et leur branche militaire, les Waffen SS étaient uniquement constitués de nazis convaincus, comme ce fut effectivement le cas de la division française Charlemagne. Pour endurcir les jeunes recrues SS, racontait notre professeur d’histoire de Terminale, on leur faisait élever un chien (un berger allemand ou un dobermann, bien sûr), et on leur demandait ensuite de le tuer. Je savais aussi qu’on avait abondé leurs effectifs avec des « Volksdeutschen » (comme les alsaciens impliqués notamment à Oradour), mais j’ai découvert récemment que, nécessité faisant loi, on intégra des hommes ne pouvant pas attester de leur origine aryenne sur 4 générations : des ukrainiens, des russes, des bosniaques, des indiens d’unités de l’armée britannique, faits prisonniers. En 1944, 70 % des Waffen SS étaient des étrangers
(Cf Wikipédia : article Waffen SS).
La colonne Jesser comportait en outre deux « Ost-Legionen » ou « légions de l’est » (1). La première incluait des Tatars de la Volga (Freiwilligen Stamm Wolga Tatarische Bataillon), la seconde des Azerbaidjanais, tous turcophones. « Freiwilligen » se traduit par « volontaires », mais ces soldats des Ostlegionen étaient en réalité des ex-prisonniers de l’armée soviétique « retournés ». Dans la nuit du 29 au 30 juillet, 75  Tatars désertèrent d’ailleurs les forces allemandes pour rejoindre l’Armée Secrète.
Vers la fin du moi de juillet 1944, la colonne Jesser reçut l’ordre de se replier. La légion Tatare fut acheminée d’Ussel où elle était basée, vers Saint-Étienne où elle est arrivée le 4 août. Son itinéraire passait par Issoire et  Le Puy-en-Velay. Elle n’a donc pas transité par l’Allier. En revanche, le 1er août, la totalité des troupes de la légion Azerbaïdjanaise, les quelques éléments Tatars restant, les SS et les SIPO-SD se replièrent depuis Ussel en direction de Clermont-Ferrand où elle est signalée les 23 août et 24 août. Et le 27 août, la brigade Jesser fait retraite sur Autun, Dijon et Langres : Jean Débordes qui énumère les assassinats de civils entre juin et août 1944 démontre que la majorité d’entre eux eurent lieu le long de l’axe Clermont-Moulins-Autun
(J. Débordes, op. cité « la route sanglante », pages 244 à 247) mais les attribue au reste d’une garnison allemande de Limoges. Ces troupes allemandes refluaient en compagnie de miliciens français auxquels l’on doit un grand nombre des exactions commises dans le département.
Dans la composition de la brigade Jesser, je mentionnerai aussi des brigades d’intervention de la Feldgendarmerie dont la brigade N° 653, était cantonnée à Montluçon. Et dans leur repli sur Autun, il est tout à fait logique que les Feldengendarmen de Montluçon aient dû emprunter l’ancienne RN 145 qui passe à la Pierre Percée, d’autant que les résistance avait, le 14 juillet en faisant entrer deux trains en collision dans le tunnel de Noyant, rendu impraticable la voie ferrée Montluçon-Moulins, ce qui corroborerait la première interprétation que j’avais faite du récit de ma grand-mère. Mais l’évènement qui m’a été rapporté peut tout aussi bien avoir été la conséquence de l’embuscade au Rocher Noir le 18 juin. Car Selon J. Desbordes,
(p. 217) ils ont fouillé les corons de Noyant dans l’après-midi du 18 juin 1944 et ne repartirent que le lendemain matin. Il est tout à fait logique qu’ils aient continué leurs recherches à la nuit tombée à la Pierre Percée.

Une partie des effectifs de la brigade Jesser était sans doute stationnée à Avermes. Sa présence est en effet constatée le 8 juin 1944 à Saint-Amand-Montrond dans le Cher : « En représailles de l’attaque du siège de la Milice et de la prise de la ville de Saint Amand par les maquis FFI/FTP  une opération fut menée par des troupes allemandes venues de l’Allier. Ce bataillon du 1000ème régiment de sécurité de la Brigade Jesser, composé de parachutistes en tenue de camouflage, venait d’Avermes et ils avaient été transportés dans des camions appartenant à la ville de Moulins » (Source  AD 18 : 11 J 8 Comité Berrichon du Souvenir, état des crimes corporels des allemands : rapport sur Saint-Amand).

L’histoire de la seconde guerre mondiale, étudiée ainsi par le petit bout de la lorgnette, permet de comprendre les peurs rétrospectives ressenties par les populations civiles et aussi la réalité de ce que l’on appelle en langage militaire contemporain des « dégâts collatéraux ». Entre plusieurs histoires, je souhaite terminer par celle des époux Contoux, dont une rue d’Yzeure, longée par la voie ferrée, porte désormais le nom : ils vivaient au 14 de la rue Jenner. C’était une époque où les toilettes n’étaient pas à l’intérieur des maisons : vers 4 heures du matin, le 10 juin, M. Contoux se leva et ouvrit la porte donnant sur le jardin pour aller uriner. Six soldats allemands poussaient un chariot qu’ils avaient volé, sur la voix de chemin de fer de Moulins à Paray-le-Monial ; qui longeait la maison des époux Contoux. Ils brûlèrent des signaux et des pétards « de précaution » explosèrent. Ils se crurent attaqués par des « terroristes » et mitraillèrent M. Contoux qui descendait dans son jardin. Blessé à la jambe, il tenta de se réfugier chez lui. Les soldats allemands enfoncèrent portes et fenêtres et le tuèrent dans sa cuisine. Mme Contoux tenta d’appeler à l’aide par sa fenêtre, mais une grenade la tua (J. Débordes, op. cité, p. 249-250).  


(1) Je ne connais pas grand chose à l’histoire militaire : ces « légions étrangères » appartenaient-elles aux Waffen SS ?

 

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22 septembre 2009 2 22 /09 /septembre /2009 11:39

J’avais 8 ou 9 ans quand j’ai entendu parler pour la première fois du massacre des 632 habitants d’Oradour-sur-Glane présents le 10 juin dans leur village, à l’exception d’une grand-mère (en réalité, elle avait 47 ans) et d’un jeune écolier qui avaient pu échapper au massacre : la première en sautant par une fenêtre de l’église, le second en se cachant en rentrant de l’école. Ce fut ma grand-mère qui évoqua le sujet et elle connaissait tous les détails de cet évènement.
Il faut dire que le procès des soldats de la Waffen SS « das  Reich », (bataillon « der Führer »), impliqués dans le massacre d’Oradour s’était tenu à Bordeaux, en 1953, et avait eu un grand retentissement, car sur les 21 soldats traduits en justice, hommes du rang et sous-officiers, figuraient quatorze Alsaciens. Le climat du procès avait été très tendu et le débat avait divisé la France.  L’instruction avait été entamée par la cour de justice de Limoges dès 1944, et fut longue et délicate. En Alsace, on mettait en avant que nombre de jeunes gens de la province avaient été incorporés de force dans l’armée allemande : on les appellait les « Malgré nous ». Quelle responsabilité pouvait-on alors leur imputer dans les massacres ?
Ceux des accusés qui furent reconnus avoir été des « Malgré nous » écopèrent de cinq à douze ans de travaux forcés ou de cinq à huit ans de prison. Le seul alsacien engagé volontaire dans la Waffen-SS, fut condamné à mort pour trahison.

Oradour est situé dans le département de la Haute Vienne et à 20 kilomètres de Limoges.
En 1944, mes grands parents habitaient alors au 24,  à la Pierre Percée, sur Noyant. Le lieu-dit la Pierre Percée a une particularité : il est commun à la fois à Noyant et à Châtillon. Il est traversé par une route, maintenant déclassée en RD 945 mais qui fut longtemps la RN 145. Et la RN 145 joint Moulins à Limoges, en passant par Guéret.
Le village était situé en zone non occupée jusqu’en 1942. Mais entre 1942 et 1944, j’imagine que les habitants de la Pierre Percée ont dû avoir l’occasion de compter de nombreux passages de convois militaires.
Un soir de l’année 1944, une colonne de soldats allemands s’arrêta à la Pierre Percée : ma grand-mère m’avait rapporté qu’ils étaient à la recherche des jeunes gens du village. Je me souvenais d’une version dans laquelle, André Thévenin, qui avait alors 22 ou 23 ans et qui était aveugle, était allé au devant d’eux et leur avait dit : « Je suis le seul jeune du village qui reste : vous pouvez m’emmener ». Je n’avais jamais eu l’occasion d’évoquer cette histoire avec ma mère, qui elle, habitait alors Souvigny, mais qui en a entendu parler ultérieurement par ma famille paternelle. En réalité, m'a-t'elle précisé, les allemands sont arrivés à la nuit tombée, et sont entrés dans les maisons. Ils ont trouvé André Thévenin chez lui, dans le noir et lui ont demandé pourquoi il n’allumait pas la lumière : c’est là qu’il a expliqué qu’il était aveugle et a affirmé qu’il n’y avait plus de jeunes au village. Les allemands n'ont pas cherché à en savoir plus. 
Où avaient ils disparu ces jeunes ? Je n’ai jamais eu de renseignements précis là dessus : il paraîtrait que certains se cachaient dans les Côtes de Châtillon. Mon père, qui avait été lui-même dans un « chantier de jeunesse » dans le Puy-de-Dôme, jusu'au début du mois de juin 1944, m’a un jour raconté que des camarades bien informés lui avaient suggéré de s’enfuir avec eux le 5 juin, c'est-à-dire la vaille du débarquement allié. Ils risquaient en effet une incorporation dans l’armée allemande ou une déportation au service de travail obligatoire (STO).

Les témoins des faits ont, par la suite, fait de cette colonne allemande une unité de cette division das Reich, qui après de nombreuses exactions dans le midi, en remontant vers le front de Normandie avait pendu 99 habitants de Tulle aux balcons de la mairie et aux réverbères de la place, avant de raser le village d'Oradour-sur-Glane et d'assassiner tous ses habitants.

L’an dernier, à l’occasion du 1er mai, j’ai entendu un autre récit,  fait par des descendants d’habitants des Corons de Noyant, et qui implique, lui aussi, la division das Reich : Wanda Drozdz ( dans « Il était une fois Noyant d’Allier », opuscule ronéoté, édité par C. Hardouin, mai 2008) raconte : « C’était un dimanche, en juin 1944 {…} Vers 3 heures de l’après-midi, une compagnie allemande est venue sur les lieux {...} et partait vers Chaumont lorsque les allemands ont vu deux hommes courir à travers pré, à découvert, pour rejoindre Noyant. C’étaient deux jeunes gens des corons qui revenant de la pêche à Messarges étaient allés voir {le lieu où s’était produit l’embuscade}…. Suivant leur progression avec des lunettes d’approche, les allemands ont alors changé de direction et se sont lancés, selon leur expression, à la poursuite des « terroristes » car ils pensaient avoir affaire à des maquisards. C’est ainsi qu’ils sont arrivés à La Vallée, devant notre maison {… }.   La compagnie s’est alors dispersée sur La Vallée pour une fouille systématique de notre maison, de celle du métayer d’à côté, Janiszewski ainsi que de la ferme Blandin en contrebas. » Ils étaient très agressifs : l’officier à leur tête avait un revolver dans chaque main. Notre voisin Janiszewski qui parlait allemand, a voulu désamorcer la tension en expliquant qu’ils s’agissait seulement de jeunes gens des corons qui étaient  allés à la pêche et s’étaient arrêtés par simple curiosité. Il a été emmené comme interprêtre ainsi que son beau-frère Wladyslaw qui avait eu la mauvaise idée {de s’exprimer en polonais  ... } avait été compris par un soldat ukrainien de la compagnie {…} Le soldat ukrainien qui avait fait la fouille chez le voisin, manifestant ainsi sa haine des Polonais, a cherché à provoquer mon père {….}. Aux corons, les allemands ont pris des otages {qui} ont été emmenés à Moulins à la Kommandantur.
Et W. Drozdz conclut : « La compagnie qui officiait faisait partie du régiment das Reich, celui qui s’est illustré à Oradour sur Glane. Noyant aurait pu subir le même sort que ce village. Mais les allemands avaient le feu aux trousses. »   


En voulant replacer dans leur contexte ces deux récits, celui fait par ma grand-mère et celui de Wanda Drozdz, j’ai été amenée à constater qu’on ne savait pas réellement où ont divagué ces divisions ou brigades, chargées de pourchasser les « terroristes ». L’ épisode narré par ma grand-mère est-il lui aussi en relation avec  l’attentat du « Rocher Noir » mené par le maquis Danielle Casanova ? Ou l’épisode est-il plus tardif, alors que l’armée allemande était en déroute et refluait vers l’est, comme j’avais cru le comprendre ?
La division das Reich est bien repérée  entre le 8 et le 11 juin 1944. Après le débarquement des alliés en Normandie, le maréchal von Rundstedt, commandant en chef du front de l'Ouest, lui ordonna le 8 juin 1944 (elle était alors stationnée alors à Toulouse), de gagner le front. Mais l'unité devait le rejoindre en traversant l’intérieur de la France car elle avait une mission particulière ainsi que l’explicite le maréchal von Rundstedt dans son « journal de guerre » : « Le développement des bandes dans le Massif central pendant ces derniers jours exige l’emploi immédiat et impitoyable de forces plus importantes. [J'ordonne] de mener des actions de grande envergure contre les bandes dans le sud de la France avec la plus extrême vigueur et sans ménagement. Le foyer d’agitation qui persiste dans cette région doit être définitivement éteint. Le résultat de l’entreprise est de la plus haute importance pour l’évolution ultérieure de la situation à l’Ouest. Dans ce genre d’opération, un demi-succès ne sert à rien. Il faut écraser les forces de résistance au moyen d’attaques rapides et enveloppantes. Pour le rétablissement de l’ordre et de la sécurité, les mesures les plus énergiques devront être prises afin d’effrayer les habitants de cette région infestée, à qui il faudra faire passer le goût d’accueillir les groupes de résistance et de se laisser gouverner par eux. Cela servira en outre d’avertissement à toute la population ». (KTB/Ob. West, XIII-f Anl. 159 et XIV-f)
On la trouve à Limoges, puis dans la Creuse    (sources :
http://papounet-le-creusois.over-blog.com/article-21277298.html ), mais il semble bien qu’elle ait ensuite poursuivi directement sa route vers la Normandie sans divaguer dans l’Allier.
Alors quelle était cette colonne où l’on trouvait des ukrainiens ?



Le 8 juin 1944, c'est le bataillon de reconnaissance AA1000, de la brigade Jesser, qui est à Saint-Amand. La brigade Jesser, du nom du général Kurt Von Jesser qui la créa à la demande du général Fritz Brodowski, commandant le HVS 588 (comprenant le Puy-de-Dôme, l'Allier, la Haute-Loire, le Cantal, la Haute-Vienne, la Corrèze, la Creuse, la Dordogne et l'Indre) qui devant la forte résistance des maquisards locaux décida de créer une colonne spéciale pour les combattre. Elle comprenait l'Ost-Légion (Légion de l'Est) des Tartares de la Volga, stationnée au Puy-en-Velay et l'Ost-Légion des Azerbaïdjanais, stationnée à Rodez.
Réponse de PAPOUNET le 24/08/2009 à 19h04
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16 septembre 2009 3 16 /09 /septembre /2009 11:06

La définition des parallèles, c'est qu'elles ne se rencontrent jamais !!!

Hier, dans le 19 h 45 de M6 (et sans doute sur d'autres chaînes et dans d'autres quotidiens), étaient traitées deux informations : la vague (la "mode" dixit le PDG) des suicides chez France Télécom et la nouveauté qui consiste à faire vérifier les arrêts maladies des fonctionnaires par des médecins de la sécurité sociale : jusqu'alors expliquait doctement la journaliste, qu'on sentait bien indignée par un tel privilège, les arrêts de maladie des fonctionnaires étaient rarement contrôlés, et quand ils l'étaient, les intéressés étaient prévenus du contrôle.

Personnellement, je ne vois aucun inconvénient à ce que les arrêts de maladie des fonctionnaires soient contrôlés autant que ceux des salariés du privé. Par contre, quand on n'est pas réellement malade, il me paraît difficile, même si l'on est prévenu du contrôle, de le devenir (malade) sur commande. Et je vois donc ce "privilège", qui consiste à informer quelqu'un d'une visite de contrôle, comme un respect normal dû à la personne. Qui devrait être étendu aux salariés du privé. 
Des statistiques étaient présentées : on est deux fois plus malade dans le public que dans le privé. Le service info de M6 avait eu le bon goût de ne pas mettre en avant, pour une fois, les statistiques de l'Education nationale. Mais la journaliste soulignait avec ironie qu'il y avait 4 fois plus de journées de maladie au ministère de l'intérieur qu'au ministère de la culture.

Je ne m'attarderai pas mais je ferai remarquer que le ministère de l'intérieur est le ministère de tutelle des policiers (affrontés à des "eh ! bouffon , je vais la niquer ta mère", ou poursuivis en justice dès qu'un contrevenant a un accident en tendant de s'enfuir) et que le ministère de la culture est le ministère de tutelle des festivals, des musées, des bibliothèques ... Même s'il peut y avoir des petits chefs qui s'épanouissent à l'abri de ces structures, la majorité des gens qui y travaillent se sentent partie prenante de la politique culturelle.

Si les médecins contrôleurs corroborent le bien fondé des arrêts maladie accordés aux fonctionnaires, qu'en concluera-t'on ? Qu'il faut doubler les contrôles pour contrôler les contrôleurs ?

A "C dans l'air", on parlait des suicides au travail. Avait été conviée Madame Marie Pezé, qui a manifesté sa crainte que l'agressivité, jusqu'alors tournée contre eux, des salariés par des suicides spectaculaires sur leurs lieux de travail (rappelons les épidémies de suicide chez Renault et Peugeot) ne s'extériorise autrement : on assiste depuis l'année dernière à des séquestrations de cadres d'entreprises, des salariés menacent de polluer des rivières ou de faire sauter leurs usines, sans avoir jusqu'alors concrétisé  leurs menaces. Et je remarque que les syndicats ont fait preuve d'une grande responsabilité dans ces affaires.
Or, Marie Pezé  rappelle (La Montagne du 15 septembre 2009) que des indicateurs objectifs de souffrance au travail existent : qui sont le nombre des visites chez les médecins du travail, les arrêts maladie ...) .

Ayant passé un concours d'encadrement dit "supérieur", j'ai bénéficié il y a vingt ans, d'une année de formation spécifique. Je peux donc témoigner que l'intérêt de ces indicateurs pour les cadres et le "management" en général (on dit maintenant la "gouvernance" n'est pas une nouveauté. Tous mes collègues n'ont peut-être pas reçu le message de la même façon que moi, car on comprend les informations à partir de ses propres filtres : mais je me souviens qu'on m'avait parlé, pour évaluer l'efficacité de son management, d'un très faible taux d'arrêt maladie, d'un très faible "turn over" (les gens ne demandent pas de mutation pour un autre service). J'avais aussi entendu qu'on me suggérais de monter des "projets" de service pour que les salariés sous mes ordres se sentent partie prenante du grand service public d'éducation (et il y a un beau défit à réussir à se faire sentir membre du grand service public d'éducation les personnels de service qui nettoyent les crachats des élèves, les WC bouchés par les rouleaux de papier ou les mégots de cigarettes, ou qui travaillant à la cuisine s'entendent dire que la nourriture qu'ils servent est "dégueulasse"). 
C'est aussi au cours de cette année de stage que j'ai découvert l'analyse transactionnelle : sous des modules intitulés "résolution des conflits".

Marie Pezé met en avant que l'appropriation des techniques "psy" par les "managers" a eu des effets pervers. Un seul exemple à partir de l'analyse transactionnelle : beaucoup de participants à ces stages de "résolution des conflits" en ont retiré des trucs pour "manipuler" leurs subordonnés, supposés être leurs "adversaires". Alors que ce qui me paraît le plus intéressant dans la méthode, en dehors de l'analyse de la façon dont est apparu le conflit, c'est de trouver le niveau de communication adéquat pour le réduire, ou pour qu'il ne dégénère pas.

Peut être que ce qui manque, c'est un niveau un peu supérieur, qui m'avait été suggéré par la formatrice, une psychologue clinicienne. Je lui avais dit mon intérêt pour la méthode dans la  compréhension du comportement des gens. Et lui avais posé une question "mais comment fait-on pour les faire changer ?". J'ai toujours gardé présente à l'esprit sa réponse : "vous n'avez aucun moyen de les faire changer, mais avez la possibilité, vous, par un travail sur  vous, de changer vos réactions dans une situation donnée. Et  c'est votre nouveau comportement  qui pourra avoir un impact sur votre entourage".

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9 septembre 2009 3 09 /09 /septembre /2009 11:31


Cette sculpture en marbre est attribuée à l'"Ecole Française du XIXe siècle"... Comme quoi, on peut ne pas être célèbre et avoir du talent.
Elle est datée des environs de 1860-1880 et figure dans les collections du musée des Beaux-Arts de Nice.
"Trop belle !" avais-je pensé en la voyant. Et j'ai acheté une carte postale qui indique sobrement : "sculpture voilée".

Par contre, il est précisé en français, en anglais et en allemand : "Allégorie de la Foi (Faith, Glauben), et celà m'interroge.
Se couper du monde pour manifester sa croyance, comme on porte un masque sur le visage pour se protéger des miasmes de son entourage, en période de suspicion de pandémie de virus H1N1, c'est pour moi insupportable.  De plus cette attitude  "modeste"  est applicable uniquement aux femmes.
Dans mon lycée, laïc pourtant,  jusqu'à la rentrée 1968-69, le port du pantalon était interdit : vieille survivance d'un interdit religieux qui a conduit Jeanne d'Arc au bûcher. Tenue indécente encore dans le Soudan intégriste : je soutiens de tout coeur le combat de cette journaliste qui a bravé l'interdit en se rendant ainsi habillée au restaurant.
Dans l'opinion que j'ai sur la mode de la "burqua" ou du "burquini", dont j'aime à croire qu'en Europe ce ne sera qu'une mode passagère, reste présent le souvenir des  vexations qu'il a fallu endurer et des longues luttes qu'il a fallu mener pour que soit abandonné le carcan des corsets (merci, mademoiselle Chanel !), la dictature du chapeau (ou du foulard - puisque la décence interdisait à une femme "bien" de sortir "en cheveux" comme l'on disait alors), ou la vision plus récente de femmes grecques, que j'ai vu, à Santorin en 1985 encore, se baigner en jupe et en collants de laine : autant porter des chaussures en plombs.

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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 20:06

Les Gaulois étaient des buveurs de cervoise comme le savent tous les lecteurs d'Astrérix : la cerveza, c'est la bière.
Et la bière a un dieu, Gambrinus.
Gambrinus figure sur la fresque du plafond du Grand Café, à Moulins, peinte par le peintre moulinois Sauroy.

En république tchèque, où l'on boit autant (sinon plus) de bière qu'en Angleterre ou Allemagne, son nom s'étale sur des mètres de linéaires, dans les supermarchés, depuis l'entrée du pays dans la société de consommation.



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8 septembre 2009 2 08 /09 /septembre /2009 19:01

Friedl Dicker-Brandeis, née à Vienne en 1898 était une artiste et un professeur réputé de l'école du Bauhaus. Elle était aussi juive. Elle habitait Prague en 1933 quand A. Hitler devint chancelier d’Allemagne.
Quand les nazis décidèrent de déporter les juifs de Tchécoslovaquie, elle fut envoyée à Terezin. Avec d'autres éducateurs, Friedl logeait dans la maison des filles, le bâtiment L 410. Elle parvient à animer des ateliers de dessin pour les enfants, bien qu'au
ghetto, les enfants de plus de quatorze ans aient dû travailler et, qu'officiellement, l'enseignement  ait été interdit. 

Je ne savais pas que ces dessins existaient. On a des témoignages photographiques, notamment la fameuse photo du ghetto de Varsovie au premier plan de laquelle un enfant avance avec les mains sur la tête. Mais ces dessins dégagent une émotion supplémentaire. Leur support est du mauvais papier de récupération : de registres (de l'administration tchèque, apparemment) ou du papier d'emballage. Beaucoup des jeunes artistes sont morts en 1943 ou en 1944.

Voici des témoignages de la vie quotidienne :
la queue pour la nourriture.
l'éxécution d'un prisonnier.
 
train dans la nuit...

Ma mère fut quelques tremps institutrice en école maternelle, et j'aimais beaucoup les dessins dont on couvrait les murs du hall de l'école pour l'exposition de fin d'année. Les couleurs étaient éclatantes.
Dans ces dessins, ce qui me frappe, ce sont ces liserés sombres, même quand le sujet en est le soleil.
 



J'avais prévu de visiter le ghetto juif, essentiellement pour aller sur les traces du Golem. C'est là que j'ai découvert Friedl Dicker-Brandeis et les travaux des enfants. Elle est morte en 1944 à Auschwitz.


Sources : "Ici, je n'ai pas vu de papillon", publication du musée juif de Prague et qui édite aussi des poêmes rédigés par les enfants de Terezin. (1993 et reédition en 2004) 
et " Fireflies in the dark, the story of Friedl Dicker-Brandeis and the children of Terezin" par Susan Goldman Rubin, New York, 2000

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