En cette journée de la femme, évoquons cette "gouverneure" que fut Louise de La Vallière.
Lectrice, en son temps, d'Alexandre Dumas, je savais naturellement qu'elle avait été une des maîtresses de Louis XIV (Le vicomte de
Bragelonne).
C'est par G. Rougeron (Les gouverneurs du pays et duché de Bourbonnais, Moulins, 1983) que j'ai découvert qu'elle eût le gouvernement de cette
province.
Née Louise de la Baulme Le Blanc, elle descendait d'une famille implantée en Bourbonnais au Moyen Age. Son ancêtre, Perrinet Le Blanc, seigneur de la Baume, au Veurdre et capitaine de cette
ville, l'avait défendue contre les troupes bourguignonnes pendant la guerre de Cent Ans.
Son frère aîné de Louise, Jean François, marquis de La Vallière avait acheté la charge de gouverneur de Bourbonnais en 1670 pour un montant de 307 000 livres.
Théoriquement représentants du Roi dans la circonscription administrative qu'on appelait "sénéchaussée de Bourbonnais", les gouverneurs Lavallière (car la charge, une fois acquise, était
héréditaire) mirent surtout toute leur énergie à recouvrer les 35 000 livres de revenus qu'elle rapportait. Et à se faire des ennemis chez les bourgeois, notamment le maire et les échevins...
Après la mort de Jean François, en 1676, Louise qu'on appelait alors Louise de la Miséricorde, depuis qu'elle était devenue Carmélite, écrivit au roi. Son frère laissait une veuve et un fils qui
héritait de la charge de gouverneur, mais aussi de grosses dettes, mettant ainsi dans la peine de petites gens, bourgeois et marchands, qui étaient venus se plaindre à elle.
"Sy bien, sire, que je supplie très humblement Votre Majesté de conserver le gouvernement du Bourbonnais afin d'acquitter les dettes de mon frère, le marquis de la
Vallière". En marge de ce courrier, Louis XIV a annoté "avons ordonné qu'il en soit fait selon les désirs de notre aimée soeur Louise de la Miséricorde". Elle prit donc, le
27 octobre de cette année 1626, le titre de "gouvernante et sénéchale au pays et duché de Bourbonnais". Mais, comme elle était soeur cloîtrée, c'est son secrétaire qui se chargea
d'apurer les dettes de Jean François de la Vallière.
La situation rétablie par sa belle-soeur, la veuve de Jean-François assura l'intérim pendant la minorité de son héritier Charles-François. L'intendant Le Vayer signala dans son rapport au
roi : "C'est une femme puis un enfant qui en ce moment gouvernent la cité par des gens à leur dévotion, et comme cette femme et cet enfant n'habitent pas Moulins, comme ils ignorent les
aspirations et les besoins de sa population et ne connaissent en aucune façon par eux-mêmes ceux qu'ils chargent d'administrer, leurs choix sont faits sans discernement".