Je ne devrais pas m'en étonner, à plus forte raison m'en agacer, mais ça mon gonfle toujours.
Est-il légitime ou non de s'arrêter de travailler à 60 ans et de percevoir une pension ? C'est une question qu'il ne me paraît pas malsaine de poser. On y répond positivement ou négativement.
A contrario, l'autre versant de la question : est-il légitime ou non de percevoir des dividendes d'actions, doit aussi être mise sur la table.
Les réponses à ces deux questions sont politiques : elles posent le problème du partage des richesses produites.
Quand on est comme moi une fanatique du compromis, on peut envisager que les deux solutions peuvent être panachées.
En fonction de ses orientations politiques, on peut considérer que la solidarité vis à vis des salariés doit être le fait des salariés eux-mêmes et en période de chute des effectifs de salariés, il convient de s'interroger sur le financement du système.
On peut aussi considérer que les salariés vendant leur force de travail pour produire une plus-value au capital, une partie des revenus du capital doit être affectée au financement de leur "rente" (cf. être rentier : un rêve pour les pauvres. ). La position de la militante de l'extrême centre que je suis étant qu'une rémunération du capital est parfaitement légitime : je suis d'ailleurs moi-même titulaire d'un livret A sur lequel j'ai réussi à mettre 2 500 € et je trouve normal, puisque je me prive pour ne pas consommer (au lieu d'acheter de nouveaux vêtements, je défais les anciens et les "customise") que cet effort soit récompensé par les intérêts de 1,50 % qui me sont versés en fin d'année.
Toute cette argumentation découle d'une analyse économique. On la traduit par un choix politique. En analyse transactionnelle, poser le problème des retraites en ces termes s'appelle être dans un discours d'"adulte".
Mais ce qui me hérisse le poil, c'est d'entendre avancer comme argument : "Les français sont des fainéants (les autres, pas moi !). Et toute l'Europe se moque de nous de ne partir qu'à 62 ans. En Allemagne, ils travaillent jusqu'à 67 ans". Voilà donc un parent normatif qui s'adresse à un enfant rebelle ! Et il n'a même pas le courage de ses opinions puisque ce n'est pas lui qui a décidé que c'était bien, mais qu'il est obligé de faire appel "à toute l'Europe" et au fait qu'elle se moque de nous.
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