Lorsque j’ai appris qu’un quidam avait écrit un manuel « vaudou » pour jeter un sort à Nicolas Sarkozy, et qu’il fournissait une poupée à son image et des
aiguilles pour que l’on puisse faire des exercices pratiques, ma première réaction a été de rire.
Lorsque Nicolas Sarkozy a déposé une plainte, j’ai pensé « encore une ».
Mais ces deux anecdotes méritent qu’on s’y arrête un peu.
On aurait fabriqué une poupée vaudou appelée Dominique Laurent, j’aurais ri aussi. J’aurais trouvé cela vaguement méchant, mais je ne m’en serais pas inquiétée.
N’étant pas inquiète, je n’aurais pas déposé plainte. J’avais moi-même proposé aux agents de mon établissement de faire une silhouette en bois à mon image afin de pouvoir aller taper dessus pour
se défouler : j’avais appris que les dirigeants d’entreprises japonais avaient mis en place ce genre de chose. Cogner sur un morceau de bois pour se défouler, écrire des romans policiers
pour pouvoir tuer symboliquement les gens qui vous ennuient, relèvent du fantasme. Et tout le monde a le droit d’avoir les fantasmes qu’il veut, du moment qu’il ne passe pas à l’acte. Je suis
même convaincue que ça permet d’évacuer l’agressivité.
Je n’aurais pas été inquiète car je ne crois pas aux envoûtements. J’ignore, peut-être un peu légèrement !, les propositions commerciales des « grands mages africains » qui mettent
de la publicité, pleine de fautes d’orthographe, dans ma boîte aux lettres. Je ne joue pas au loto non plus, car il y a bien longtemps de cela, quand j’étais en terminale, notre prof de maths
nous avait fait une démonstration statistique extrêmement convaincante.
Officiellement, dans cette affaire, Nicolas Sarkozy défend son « droit à l’image » :
- quand il poursuit Ryan Air pour l’avoir associée à une démarche commerciale et « low cost », ça me paraît effectivement relever du droit à l’image.
- Je note que Ségolène Royal, qui a pareillement sa poupée vaudoue, et qui, elle non plus n’hésite pas à plaider pour défendre son droit à l’image, a traité par le mépris ce fait. Elle ne s’est
jamais exprimée sur ses convictions religieuses bien que l’on sache qu’elle a été élevée dans un milieu très catholique. Elle détourne très souvent des citations bibliques ou religieuses, qui
dans le microcosme laïc du Parti socialiste font toujours scandale. Son rapport au religieux me paraît très distancié...
- En revanche, Nicolas Sarkozy est fasciné par les religions. Ses déclarations fracassantes sur la laïcité « positive » en font foi (si j’ose dire). Les rédacteurs de ses discours
limitent ses interventions à une glôse des religions du « Livre ». Ses interrogations sur le religieux et l’inquiétude que révèle son mouvement de cou et d’épaules (omniprésent au cours
de son débat télévisé avec S. Royal), me font penser, qu’à la réflexion, sa réaction à propos de la poupée vaudou est logique. Mais, en droit, il ne s’agit nullement d’un problème
de « droit à l’image ».
En référé, le président a été débouté : il a fait appel. Il sera intéressant de suivre cette affaire. Et j’aimerais en savoir un peu plus sur partie
adverse : le diffuseur des poupées. C'est à partir de ses convictions que la malveillance sera ou non avérée. Et les menaces sont constitutives d'un délit.